Next slide
Previous slide

Vue aérienne de Gavrinis.

Elévation de Gavrinis. Le sommet est déjà éventré de longue date par un large cratère ; l'accès au couloir a été ouvert en 1835.

Cette coupe du Dictionnaire archéologique de la Gaule fait bien ressortir l'énormité du monument par rapport au volume restreint de la crypte intérieure.

Plan du dolmen : une toute petite chambre carrée au bout d'un long couloir et une structure entièrement mégalithique au coeur d'une masse de pierrailles.

Un monument extraordinaire à tous égards

L'insularité de Gavrinis a certainement aidé à la conservation du volume original du monument, exceptionnelle malgré le cratère qui en a éventré le sommet. La qualité de la construction a également contribué à cette préservation.

  • Parois, couverture et dallage de la chambre comme du couloir sont entièrement réalisés en dalles mégalithiques soigneusement juxtaposées (et même parfois retaillées) pour s'épauler mutuellement.
  • Le cairn est structuré par un système régulier de parements maçonnés à sec avec soin.

L'histoire du monument a elle aussi joué en faveur de cette conservation. Quelques siècles après sa construction, le couloir semble avoir été entièrement bourré de pierrailles en même temps que les façades du cairn étaient dissimulées sous une chape de pierres et de sable dès le Néolithique, assurant du même coup la protection des structures.

La crypte de Gavrinis se rattache clairement aux dolmens à chambre simple et long couloir d'Armorique (Mané-Lud à Locmariaquer, L'Île-longue toute proche, Barnenez dans le Finistère).

Ce type architectural est bien attesté dans la région entre la fin du Ve et le début du IVe millénaire, mais les exemples en restent peu nombreux et en général implantés au cœur d'ensembles mégalithiques importants (ce qui laisse entendre qu'ils pouvaient y jouer un rôle particulier). Malgré son ampleur, la chambre à couloir de Gavrinis reste d'un volume minime (moins de 25 m3) face à celui du cairn qui la contenait (plus de 4 000 m3), ce qui pose la question des rôles respectifs de ces deux structures et de leur importance relative aux yeux de leurs bâtisseurs.

La décoration de Gavrinis est elle aussi sans équivalent en Armorique, les rares points de comparaison possibles en Europe étant les grands monuments de la vallée de la Boyne en Irlande ou ce que l'on peut imaginer du dolmen peint de Dombate dans le nord-ouest de l'Espagne. Malgré quelques possibles rapprochements avec l'Irlande ou l'Ibérie, la technique et le style de ce décor sont eux aussi sans équivalent véritable, même si l'on y reconnaît sans peine l'héritage de l'art des premières tombes à couloir armoricaines, que ce soit sous forme de réemplois ou d'une "ré-interprétation" des thèmes de base.