Au plus fort de la dernière glaciation, le paysage végétal de l'ouest de l'Europe était proche de la toundra actuelle, dépourvu d'arbres sauf en de rares points très abrités. Avec le réchauffement post-glaciaire, les arbres commencent à essaimer depuis le sud de l'Europe à partir de zones refuges et une forêt "pionnière" à pins et bouleaux s'installe, bientôt suivie d'une "chênaie mixte" associant nos principales essences feuillues actuelles. Dans l'Europe moyenne, la forêt devient omniprésente, sauf en haute montagne, dans les vallées inondables (prairies naturelles) et dans les endroits exposés du littoral (sur les rivages abrités, elle pouvait même arriver à "plonger dans la mer" comme on le voit encore parfois). Cette forêt primaire était cependant bien différente de nos massifs boisés actuels, exploités et entretenus depuis le Moyen-âge. Seuls quelques massifs préservés d'Europe centrale ou de Grande-Bretagne peuvent aujourd'hui donner une idée de son aspect et de sa variété.

Paysage de toundra, baie d'Hudson (Québec, Canada).

Les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique se sont adaptés à ce changement radical de leur environnement et leurs successeurs - les Mésolithiques - vivaient en équilibre avec ce milieu forestier dont ils exploitaient les ressources en gibiers et en végétaux.

Pour les paysans du Néolithique au contraire, qui chassent peu en général, la forêt n'est pas un abri et une source de nourriture, mais un milieu à conquérir :

  • c'est un lieu hostile (il y a encore des ours en Bretagne au Néolithique) ;
  • c'est une réserve foncière pour l'extension des cultures et des pâturages ;
  • c'est un gisement de bois, matériau à tout faire, depuis la charpente des maisons jusqu’aux menus objets domestiques sans oublier les échafaudages et appareillages nécessaires à la construction des mégalithes.

Pour ce travail du bois, un outillage spécifique va être développé : haches et herminettes en pierre polie vont donner lieu à une production et à des échanges à grande échelle, par exemple à partir des carrières de dolérite exploitées à Plussulien dans les Côtes-d'Armor. Le résultat est une dégradation rapide du milieu forestier, que l'on peut suivre presque siècle par siècle dans certaines régions.

L'évolution du paysage peut être reconstituée par plusieurs méthodes, développées notamment dans le cadre de trois disciplines :

  • La palynologie,
  • La dendrologie,
  • Et la pédologie.
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Un aspect de forêt primaire tempérée (New forest, sud de l'Angleterre).

Abattage expérimental d'un saule à l'aide d'une hache en pierre polie.