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Une crypte dolménique hors du commun
Avec une chambre sans doute fréquentée dès le Moyen-Age et un couloir dégagé sans ménagements à une époque (1832-35) où l'archéologie était encore à peine balbutiante, on conçoit que les informations sur le contenu de la crypte de Gavrinis soient des plus succinctes.
On sait simplement :
- que la chambre était sans doute restée à peu près vide (puisqu'un des piliers avait chassé vers l'intérieur, permettant de s'y glisser),
- que le couloir par contre était entièrement bourré de pierrailles sur toute sa hauteur et toute sa longueur (ce qui ne peut résulter que d'une action intentionnelle),
- que le dallage (soulevé par G. de Closmadeuc à la fin du XIXe siècle) repose sur un remblai de terre et pierrailles, épais de 0,7 à 1 m au-dessus du terrain naturel sous-jacent,
- que les montants des parois, par contre, descendent jusqu'au substratum où ils sont implantés dans une rigole remplie de sable clair.
Plusieurs de ces montants ont été retaillés à leur sommet, pour donner une assise régulière à la couverture sans recourir à une maçonnerie sèche complémentaire. La volonté de "mégalithisme strict" ainsi affichée tranche avec l'absence de tout grand monolithe dans les structures dégagées à l'extérieur.
Le plan général est celui d'un dolmen à long couloir et à chambre simple, parmi lesquels Gavrinis occupe cependant une place à part. Pour L'Armorique, c'est à la fois celui dont le couloir est le plus long (plus de 13 m) et un de ceux dont la chambre est la plus petite (moins de 10 m3), ce qui amène à s'interroger sur les rôles respectifs de ces deux structures dans le monument.
La largeur du couloir (autour de 0,8 m) et sa hauteur (avoisinant 1,5 m) restent à peu près constantes de bout en bout, si ce n'est un léger rétrécissement à mi-longueur. Les parois sont formées de 12 piliers côté nord-est (dont deux en quartz) et de 11 côté sud-ouest. Les linteaux ne sont par contre que 9. Le sol dallé du couloir (remanié lors des fouilles de 1881-86) monte légèrement de l'entrée vers la chambre. De ce fait, on ne peut qu'entrevoir l'horizon en se baissant lorsqu'on est au fond de la chambre.
L'axe général est dirigé vers le sud-est, mais légèrement décalé vers le sud par rapport au lever du soleil au solstice d'hiver. A ce moment de l'année, les rayons solaires parviennent à frôler le bas de la paroi S-W du couloir jusque dans la chambre, mais ils sont arrêtés par le linteau de l'entrée avant de parvenir dans l'axe du monument. On ne peut donc pas vraiment parler d'un "calage astronomique" comparable à celui du dolmen de New-Grange en Irlande par exemple.
La pierre la plus remarquable du dallage forme un seuil décoré à l'entrée de la chambre (elle est aujourd'hui remplacée par un moulage et a été légèrement surélevée pour en montrer le décor). La chambre frappe par ses dimensions réduites (2,55 m de long, 2,1 à 2,45 m de large, 1,7 m de haut). Comme le couloir, elle est de structure entièrement mégalithique, avec deux montants sur chacun de ses côtés. Le sol est fait d'une unique dalle ajustée entre les parois.
En dégageant la face supérieure de la dalle recouvrant cette chambre, la fouille a mis au jour un décor recoupé par des traces de débitage qui ont montré que cette pierre provenait du dépeçage d'une grande stèle ornée dont le principal fragment recouvrait encore la Table-des-Marchands à Locmariaquer. Cette chambre occupe le centre du cairn primaire et du système des parements.
Le plan du monument avait donc été soigneusement tracé au sol avant le début des travaux. Elle reste au centre du tumulus qui est venu ensuite en condamner l'accès, ce qui laisse penser qu'elle avait toujours une grande signification à ce moment.