Traditionnellement, le mégalithisme ouest-européen est considéré comme un phénomène "atlantique" voire franchement maritime (peut-être à partir du modèle breton où les monuments les plus anciens sont, effectivement, presque tous sur le littoral).

Mais l'examen d'une carte générale montre que la règle est loin d'être absolue, surtout si l'on prend en compte des monuments "paramégalithiques" comme les tertres funéraires.

Une autre approche récente a été de considérer que le monumentalisme avait émergé aux lisières du domaine néolithique "rubané", comme s'il s'était agi d'une réaction des sociétés traditionnelles confrontées au dynamisme des communautés de paysans faisant irruption dans leur monde jusque là en équilibre.

Vers la tombe monumentale

Dans les cultures à poterie "rubanée", les seules constructions importantes connues sont de longues maisons en bois et torchis dites "danubiennes". Elles peuvent atteindre plusieurs dizaines de mètres de long et quatre à cinq mètres au faîtage, mais il s'agit de bâtiments d'habitation, purement utilitaires semble-t-il.

Dans ces cultures, les morts sont inhumés individuellement dans des fosses regroupées en nécropoles.

En France, c'est dans l'aire nucléaire de la "Culture de Cerny" que les choses commencent à évoluer.
Dans le sud du Bassin parisien (par exemple à Orville), des nécropoles encore très proches des précédentes, mais organisées autour d'une "tombe sous dalle" apparaissent dans le deuxième quart du Ve millénaire. La pierre, parfois de plusieurs tonnes, semble avoir focalisé l'activité funéraire du lieu.

Toujours en liaison avec la "Culture de Cerny", de grandes structures funéraires allongées dites "de type Passy" sont connues sous plusieurs variantes de l'Yonne au Calvados, formant des ensembles où les monuments se recoupent parfois, ce qui indique un usage prolongé de la nécropole.

Ces tombes semblent liées à un phénomène européen, celui des tumulus allongés que l'on peut suivre de la Pologne au sud de la France en passant par les îles britanniques et qui va se développer sur près de deux millénaires.

Parallèlement, une autre tradition se développe, celle des tombes "dolméniques" à utilisations multiples, qui va connaître un extraordinaire développement dans l'ouest de la France et spécialement dans le Morbihan.

Un des tertres tumulaires allongés de la Croix-Saint-Pierre à Saint-Just (Ille-et-Vilaine) avec son entourage de pierres dressées.