Cette véritable colline artificielle de plus de 30 000 m3 (125 m de long, 60 m de large et 10 m de haut) s'est implantée sur un des points hauts de la topographie naturelle et son sommet constitue un belvédère d'où l'on domine toute la région. La dédicace d'un tel lieu à l'archange est classique. Elle remonte sans doute au haut Moyen-Âge, tout comme l'établissement étudié par J. Miln au pied sud du monument. La chapelle actuelle, héritière de toute une succession d'édifices cultuels, a été reconstruite en 1927.

Ce monument peut être considéré comme le type des "tumulus carnacéens" petite série de monuments qui se relie au phénomène plus général des tumulus géants.

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Structure interne du Tumulus Saint-Michel

Coupe longitudinale du Tumulus Saint-Michel d'après R. Galles, montrant la structure alors reconnue et l'emplacement du puits foré pour atteindre la tombe centrale.

Les premières fouilles du Tumulus Saint-Michel sont dues à Galles et Lefebvre en 1862-64. Ils creusèrent une galerie à partir de l'ouest et des puits verticaux depuis le sommet dont l'un atteignit un caveau au somptueux mobilier, au centre du monument. La campagne suivante fut dirigée par Le Rouzic de 1900 à 1907 ; une série de galeries de mine devait rencontrer plusieurs caveaux annexes autour de la tombe principale ainsi qu'une chambre à couloir près de l'extrémité orientale. Ces galeries, ensuite consolidées pour la visite, ont cependant dû être fermées pour raison de sécurité voici quelques années. La structure interne ne peut être que déduite de ces observations qui restent très partielles à l'échelle de l'énorme monument.

  • Les différents caveaux semblent pris dans un noyau pierreux central long et étroit,
  • Une épaisse chape de "vase" (en fait, un limon grisâtre probablement extrait d'une zone humide avoisinante) recouvre le tout et enveloppe directement le "dolmen" oriental'
  • Une carapace pierreuse superficielle complète la structure et explique sa bonne tenue à l'érosion (la terrasse actuelle semble avoir été surajoutée plutôt que résulter d'un arasement du sommet).

Le caveau central est bien caractéristique des cryptes des grands "tumulus carnacéens" avec ses parois en maçonnerie sèche "cyclopéenne" grossière et sa couverture faite d'une grande dalle. Construite sur le sol, cette chambre mesure 2,4 x 1,4 m pour 0,9 m de hauteur interne.

Un prestigieux mobilier ne comprenait pas moins de 11 grandes lames de haches polies (de 37 à 19 cm de long et une autre plus modeste de 9,7 cm en pyroxénite), 25 haches en fibrolite, 97 perles discoïdes et 10 pendeloques piriformes en variscite. On peut leur ajouter une quarantaine de petites perles discoïdes en os. Des restes d'ossements humains et animaux furent également recueillis dans plusieurs caveaux tandis que des fragments de céramique du Néolithique moyen provenaient du "dolmen" oriental.

On a beaucoup discuté sur l'âge d'un tel monument, ainsi que sur la chronologie relative des caveaux centraux et du dolmen périphérique. Des datations radiocarbone tentées à partir d'échantillons anciens ont donné des résultats trop dispersés pour être crédibles. A la lumière de fouilles récentes (Locmariaquer, Erdeven), on peut penser que ce grand tumulus a été construit en plusieurs étapes (mais dans un laps de temps sans doute assez bref), vers le milieu du Ve millénaire avant J.-C. L'association de caveaux scellés et d'une tombe à couloir peut correspondre à une complémentarité fonctionnelle autant qu'à un décalage chronologique entre les deux types de structures.

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Les fouilles dirigées par Z. Le Rouzic à l'extrémité est du monument. La galerie de gauche atteint le dolmen, celle de droite va jusqu'au caveau central.

Plan et élévation du caveau central d'après R. Galles, montrant la maçonnerie très grossière des parois.