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- Avant les mégalithes
A la différence de Carnac, aucun témoignage d'occupation humaine au Paléolithique n'a encore été repérée sur la presqu'île de Locmariaquer, faute sans doute de "pièges sédimentaires" adéquats. Les premiers indices significatifs ne remontent qu'au Néolithique mais ils semblent correspondre au tout début de la néolithisation de l'Armorique.
La tourbière de Kerpenhir
Comme en de nombreux points de la côte, une "tourbière littorale" est connue depuis 1883 près de la pointe de Kerpenhir qui marque l'extrémité sud-est de la commune. Cette formation argilo-tourbeuse épaisse de 1,5 m qui émerge tout juste aux plus grandes marées basses a été étudiée dans le cadre d'une recherche générale sur les paléo-environnements néolithiques de la région.
Le diagramme pollinique obtenu par l'équipe de L. Visset révèle de premiers indices de céréales dès le VIe millénaire avant J.-C., ce qui les ferait contemporains des groupes mésolithiques tardifs du Teviecien.
L'implantation durable de communautés néolithiques s'imprime fortement dans le "spectre pollinique" de la tourbière à la fin du VIe millénaire avec une dégradation brutale et durable de la forêt, une explosion des plantes "rudérales" et une présence constante des céréales jusqu'à la fin de la séquence tourbeuse conservée, à la charnière des IVe et IIIe millénaires.
Sous le tumulus d'Er-Grah
Par chance, les mégalithes récemment étudiés à Locmariaquer avaient recouvert et protégé un vieux-sol relativement épais contenant de nombreuses traces de fréquentation antérieures à la construction des monuments. Sous le tumulus d'Er-Grah, deux structures particulièrement anciennes se placent dans une ambiance déjà clairement cultuelle :
- Une aire de combustion subcirculaire de 0,8 m de diamètre moyen, empierrée de petits cailloux et de quelques pierres plates plus importantes a donné une date radiocarbone dont la "fourchette de calibration" tombe entre 5400 et 5100 avant J.-C., soit en plein durant la phase "explosive" de l'implantation agricole détectée à Kerpenhir.
- A quelques mètres de là, une fosse contenait les restes de deux bovins qui avaient semble-t-il été dépouillés et en partie décharnés avant d'être enfouis ; ces animaux (un mâle et une possible femelle) étaient de grande taille, encore proches de l'aurochs sauvage mais des détails anatomiques relevés par A. Tresset indiquent qu'ils étaient déjà domestiqués.
Le remplissage supérieur de la fosse est daté entre 4950 et 4700 avant J.-C. mais il n'est pas impossible que le dépôt des bovins appartienne à une phase antérieure, quasi-contemporaine du foyer voisin.
Un des foyers empierrés mis au jours dans le vieux-sol préservé sous le tumulus d'Er-Grah.
Les restes des deux bovins sacrifiés dans leur fosse. Le foyer très ancien occupait l'emplacement de la tache grise en haut de l'image, à gauche de la petite tranchée.