Si l'on considère comme normal que les chairs d'un cadavre se décomposent assez vite, on conçoit moins bien qu'il puisse ne rester aucune trace de son squelette. C'est un argument qui est périodiquement avancé pour nier la nature funéraire des tombes mégalithiques.

L'os est une matière complexe, formée pour partie de constituants organiques (graisses et protéines) et pour partie de sels minéraux où carbonates et phosphates de calcium sont majoritaires. Attaqués par des acides, ces derniers donnent des produits solubles dans l'eau. Comme le sol contient naturellement des acides humiques et que l'eau de pluie est elle aussi légèrement acide (elle apporte un peu du gaz carbonique de l'atmosphère), le destin normal d'un os enterré est de se faire dissoudre à plus ou moins long terme, d'autant plus que les produits de décomposition d'un cadavre sont eux-mêmes acides. Seules des conditions particulières permettent d'éviter cette disparition :

  • La présence de calcaire dans le sol. Lui-même soluble dans l'eau acidulée, il en neutralise l'agressivité, ce qui protège les ossements (sur la côte bretonne, ce calcaire peut être fourni par les débris de coquilles abondants dans le sable de mer).
  • La protection contre le ruissellement et/ou la capillarité : pas de contact avec l'eau, pas d'attaque acide et donc pas de dissolution (c'est la situation que l'on rencontre dans certaines tombes particulièrement bien construites ou lorsque, par chance, la disposition des structures a formé un "parapluie" pour les vestiges situés en dessous).