Le "champ du Menec" est le plus occidental des grands ensembles carnacois. Selon les derniers comptages, il rassemble quelque 1050 menhirs répartis sur 950 m de long selon une orientation générale SW-NE. Le complexe commence au sud-ouest par une enceinte ovoïde de 70 x 90 m comprenant encore 71 blocs rescapés dont certains se faufilent entre les bâtiments du village du Menec qui s'installa, sans doute au Moyen-Âge, à l'intérieur de cette protection toute trouvée.

Onze files réparties sur 100 m de large partent de cette enceinte. Plus précisément, sept s'appuient sur la partie septentrionale de son flanc tandis que les quatre autres sont décalées vers le nord. Malgré quelques manques, notamment dans la file la plus méridionale, ce dispositif continue sur près de 400 m.

A ce niveau, la file sud se fond avec sa voisine, puis oblique vers le nord et disparaît. L'ensemble du système marque alors une légère angulation vers le nord, sa largeur descend à moins de 70 m et l'organisation des blocs, devenus fort modestes, devient plus confuse. Un hiatus brutal apparaît au bout de 700 m à hauteur d'une parcelle anciennement cultivée (mais où des pierres se voyaient jadis).

Tout aussi brutalement, les pierres reprennent à l'est de la route départementale 119, au nord du carrefour de la Croix-Audran, dans une zone humide (mais où la rétention d'eau est largement due à la route moderne). Dix files se développent à nouveau sur 70 m de large et les blocs reprennent progressivement de l'ampleur. Au bout d'une centaine de mètres, leur taille moyenne dépasse 2 m et le système butte sur une file transversale de pierres quasi-jointives que l'on s'accorde à reconnaître comme appartenant à une autre enceinte ovoïde largement démantelée.

Next slide
Previous slide

Vue axiale de la partie occidentale des alignements du Menec prise à la verticale de l'enceinte, au moment des premières mesures conservatoires.

Maquette de l'ensemble du Menec, autour du village du Menec (à gauche) et près de Toul-Chignan, au nord-est du carrefour de la Croix-Audran (à droite).

Quelques particularités méritent d'être soulignées dans cet ensemble du Menec.

  • A une centaine de mètres de l'enceinte occidentale, dans la partie nord du champ, un menhir se détache de ses voisins par sa forme élancée et sa hauteur (plus de 3 m) ; c'est le "géant du Menec", que l'on présume être un menhir préexistant, incorporé au système actuel.
  • A quelques dizaines de mètres de là, un menhir isolé se dresse comme en "serre-file", à l'extérieur du champ de menhirs.
  • Dans la partie médiane, la file sud qui recoupe ses voisines en "aiguillage de chemin de fer" pourrait garder le souvenir d'un état antérieur.
  • Deux des files les plus méridionales, aux blocs particulièrement serrés et réguliers, arrivent à une brèche dans l'enceinte. Il n'est pas impossible que ce soit là une via sacra privilégiée pour accéder à l'intérieur du sanctuaire.

Aquarelle de P. Mérimée (1835) exagérant le caractère incongru du "Géant du Menec" au milieu des autres blocs, plus petits et plus trapus.