Au début des fouilles de Gavrinis, décapage général du tumulus.

Du cairn au tumulus

Avant la reprise des travaux, Gavrinis avait encore son aspect du siècle dernier, celui d'une butte tronconique en pierrailles d'environ 50 m de diamètre pour 7 m de haut, au sommet éventré par un large cratère. Les fouilles y ont vite mis en évidence une construction en deux étapes.

  • Le coeur du monument était constitué par un cairn quadrangulaire à angles arrondis, ceinturé par un parement en maçonnerie sèche fortement incliné vers l'intérieur.La façade sud-est, longue de près de 30 m s'incurve dans sa partie centrale, comme pour protéger le trilithe légèrement saillant qui marque l'entrée du couloir. Au dessus de celle-ci, la maçonnerie d'origine était encore conservée sur près de 4 m de haut. A la base du parement de façade, quelques éclats d'une variété particulière de dolérite exploitée à partir de -4200 av. J.-C. à Plussulien (Côtes d'Armor) montrent que le cairn n'a pu être édifié avant cette date. En arrière de cette façade, élevée d'une seule volée, toute une série de parements sont conservés par places jusqu'à plus de 6 m du sol. Les plus internes dessinent un "noyau" qui paraît enserrer la crypte au plus près. De part et d'autre, des écailles complémentaires semblent disposées pour contrebuter les poussées latérales.
  • Un important placage de pierres entassées en vrac recouvrait la façade et se prolongeait latéralement. Des vides interstitiels montraient que les pierres avaient été disposées à sec avant que du sable, probablement épandu à leur surface, ne s'infiltre entre elles. L'épaisseur de ce massif atteignait près de 5 m devant l'entrée du couloir, dont rien ne devait sans doute plus rappeler l'emplacement depuis l'extérieur avant qu'il ne soit dégagé, par l'intérieur, en 1832-35.
  • Devant la façade, un "vieux-sol" avait été recouvert sur près de 300 m2 par cet amoncellement.
    La fouille y a notamment reconnu des fosses en partie recomblées de dreikanters éclatés, des calages de poteaux dont certains contenaient encore un chicot de bois carbonisé et une vaste zone cendreuse à pierres rougies paraissant résulter de l'incendie d'une structure légère en bois (une datation radiocarbone indique une "fourchette" entre 3400 et 2900 av. J.-C.).

On peut donc considérer :

  • que le cairn quadrangulaire a été construit à la fin du Ve millénaire avant J.-C. ou au début du IVe,
  • que la crypte n'est restée accessible que pendant quelques siècles,
  • que cette fréquentation impliquait l'usage de constructions légères en bois devant la façade,
  • que celles-ci ont été incendiées dans la deuxième moitié du IVe millénaire,
  • qu'immédiatement après cet incendie, un apport de pierres recouvertes de sable a "tumulé" le monument, dont le volume total est passé à près de 5 000 m3 (contre moins de 3 000 pour le cairn initial),que tous les matériaux rencontrés dans le cairn comme dans sa chape tumulaire sont d'origine locale (moellons de granite récoltés à l'affleurement et sable de mer).
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Une fosse recomblée de dreikanters éclatés devant la façade du cairn.

Un des chicots de poteaux carbonisés sur place devant le cairn.