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Recouvrant en général des chambres funéraires, cairns et tertres sont directement liés au vaste domaine des rapports entre les vivants et les morts. Malgré une documentation insuffisante, on peut les concevoir sur différents modèles selon les types de tombes et leur situation par rapport aux habitats.
Les tombes scellées ("tumulées")
Les cistes sous tumulus témoignent d'un désir de "couper le contact" au moins matériel avec le mort. Le volume du tertre ou du cairn tumulaire peut être considéré comme témoignant de cette volonté (de prévenir les pillages ou la collecte de reliques comme de se prémunir contre toute velléité de retour du ou des défunts). En même temps, le monument permet de "fixer" les cultes éventuellement rendus à la mémoire de personnages vénérés mais avec qui le contact direct est désormais impossible. La présence d'objets "de prestige" dans certaines de ces tombes scellées (notamment dans les grands tumulus "carnacéen" participe de cette même logique de "mythification". La fouille du tumulus d'Er-Grah à Locmariaquer a permis de restituer, au moins dans ses grandes lignes, le processus d'une telle "tumulation".
Grande lame de hache polie en Jadéite, typique du mobilier de prestige des tumulus carnacéens
Le caveau d'Er-Grah à Locmariaquer, au cœur de son cairn tumulaire.
Les tombes ouvertes ("dolméniques")
Elles comportent au contraire un dispositif de liaison avec l'extérieur (couloir, vestibule, antichambre, porte), ce qui témoigne de rapports à la mort bien différents. Les vestiges osseux, lorsqu'on en retrouve, y correspondent souvent à des dépôts secondaires, ce qui témoigne d'une certaine convivialité entre les vivants et les défunts (ou les reliques qui pouvaient en matérialiser le souvenir). Les ampleurs relatives de la chambre et de son accès donnent sans doute une indication sur l'importance attachée au repos des défunts par rapport aux contacts que les vivants pouvaient entretenir avec eux (deux cas extrêmes étant les tombes à long couloir du Néolithique moyen et les galeries funéraires du Néolithique récent). Les éventuelles subdivisions de la chambre paraissent y traduire une différenciation des activités funéraires.
Au Néolithique récent, tous les types de galeries funéraires ont en commun l'agrandissement de la chambre et la régression de la structure de passage, ainsi que la réduction drastique de l'architecture extérieure. Cela va de pair avec une modification des modes funéraires (effectifs plus importants, cadavres mieux individualisés), qui deviennent la raison d'être essentielle de ces tombes.
L'art pariétal des tombes
Il témoigne de la complexité du domaine sacré au Néolithique. Son étude est encore compliquée par les nombreuses réutilisations de dalles déjà ornées dans les constructions. Logiquement, il est pratiquement absent des tombes "scellées", où les vivants ne peuvent plus accéder, mais on le connaît aussi, avec quelques variantes, sur les menhirs.
Une analyse de ces décors permet d'y reconnaître deux principaux cycles :
- L’un aux 5e et 4e millénaires, évolue vers les styles locaux très particuliers de Gavrinis et des Pierres-Plates,
- l'autre au 3e millénaire, est lié aux galeries funéraires du Néolithique final.
Les trois composantes d'un cairn à tombe dolménique : la chambre funéraire, son couloir d'accès et l'architecture protectrice avec ses parements.
Vue éclatée de Gavrinis montrant le volume très réduit de la chambre desservie par un très long couloir au cœur d'un cairn quadrangulaire, lui-même recouvert secondairement par un tumulus arrondi.