En quelques monuments majeurs, la presqu'île de Locmariaquer rassemble la quintessence de l'art mégalithique armoricain.

Dans le dolmen du Mané-Lud, on trouve un véritable condensé du répertoire ornemental des tombes à couloir :

  • l'"écusson" est représenté par la stèle ogivale couchée pour former le sol de la chambre, mais ce signe figure aussi sur le pilier de droite, à l'entrée du couloir dans la chambre,
  • des "haches emmanchées" schématiques apparaissent sur cette même dalle, ainsi que des "crosses", un cercle de petites cupules et de possibles "bateaux" aux extrémités relevées (avec même une évocation de leur équipage ?),
  • au moins 13 "corniformes" constituent un véritable "troupeau sacré" sur l'avant-dernier pilier du couloir, côté gauche,
  • enfin, un grand signe énigmatique se détache en relief sur la dalle de chevet de la chambre, possible autre stèle en écusson réemployée dans la construction du monument.

Une imposante série de "corniformes" sur une des dalles du Mané-Lud.

A la Table-des-Marchands, l'oeuvre majeure est sans conteste la stèle en grès blanc qui forme le chevet de la chambre et qu'il faut imaginer luisant dans la pénombre de la sépulture.

Son contour naturellement ogival est souligné par un grand "écusson" à l'intérieur duquel s'organisent quatre registres de "crosses" disposées en une symétrie bilatérale. Cet emblème monumental est complété par d'autres signes à la base de la pierre et à son verso.

Le plafond de ce même monument correspond à la moitié inférieure d'une grande stèle débitée dont la reconstitution montre une superposition de signes géants, aujourd'hui partagés entre la Table-des-Marchands et Gavrinis mais qui étaient à l'origine destinés à être admirés et vénérés de tous à distance lorsque la pierre se dressait à l'air libre : une grande "hache-charrue", deux représentations animales (sans doute des bovins aux cornes hypertrophiées), une "crosse" et une grande "hache emmanchée".

La grande hache emmanchée au centre du plafond de la Table-des-Marchands.

Le Mané-Rutual, dolmen à long couloir et double chambre aux confins du bourg, montre lui aussi une importante réutilisation de stèles ornées :

  • un "écusson" géant surmonté d'une probable lame de hache aujourd'hui mutilée occupe la face inférieure de la grande dalle d'orthogneiss (11 m de long) qui recouvre en la débordant largement la chambre principale,
  • deux "haches-charrues" figurent sur deux petites stèles elles aussi réemployées dans la structure du monument au niveau de l'antichambre,
  • deux petites "crosses" s'opposent à la base d'un pilier de cette même antichambre.

Le grand tumulus du Mané-er-Hroeg n'a livré qu'un seul bloc orné, qui gisait brisé dans le bourrage condamnant l'accès au caveau.

Bien que de taille modeste (1,1 m de long), cette pierre est un élément majeur de l'art mégalithique armoricain en raison de la complexité de son décor, organisé autour d'un "écusson" central :

  • à l'intérieur, figurent des crosses opposées et des corniformes,
  • au dessus et au dessous, une série de haches qui arborent, pour la plupart, un manche à l'extrémité recourbée en crosse
  • à la base, l'image mutilée d'un probable petit bovidé complète la composition.

La petite stèle du Mané-er-Hroeg, reconstituée à partir des fragment retrouvés lors de la fouille (et malheureusement détériorée depuis par des vandales...).

Aux Pierres-plates enfin, l'art si particulier des tombes en équerre morbihannaises s'exprime par une série de compositions spectaculaires dont l'interprétation n'a pas manqué de solliciter la sagacité des chercheurs.

Le premier pilier, à gauche de l'entrée, en donne cependant la clé avec une série de signes encore assez simples dont certains, avec leur rostre saillant, permettent de faire le lien avec l'écusson des tombes à couloir.

Les plus simples des "idoles" des Pierres-plates rappellent encore le graphisme des "écussons" des tombes à couloir.