Deux autres monuments majeurs marquent le patrimoine mégalithique de Locmariaquer ; leur exploration, en 1863-64 par la Société polymathique du Morbihan, a d'ailleurs fait date dans l'histoire de l'archéologie française.

"Butte d'en haut" contre "montagne de cendres"

Le tertre du Mané-Lud est le premier grand monument de Locmariaquer que l'on aperçoit en arrivant d'Auray. Pratiquement installé au point culminant de la commune, c'est le seul dont le nom nous ait été transmis par le président de Robien, sous la forme déjà francisée au XVIIIe siècle de Mont-Helleu, ce que l'on peut rapprocher du breton Uhelan (d'en haut) et qui n'a rien à voir avec les "cendres" ludu (humaines bien sûr !) invoquées à partir de déformations tardives par des esprits en mal de nécrophilie. Il s'agit d'un grand "tumulus carnacéen" de 80 m de long, 50 m de large et 5 m de haut. Au centre, un cairn circulaire abritait un caveau grossièrement maçonné de 2,25x1,25 m recouvert en encorbellement.
Il contenait les restes de deux personnes accompagnées simplement de quelques silex et fragments de poteries.

Vers l'est, ce cairn central se prolongeait par une nappe de pierres limitée par une curieuse structure :

  • de deux mètres en deux mètres, six grandes pierres dressées dessinaient un arc faiblement concave vers l'ouest,
  • portant des ossements déterminés comme étant des crânes de chevaux.

Le tout était noyé dans une masse de "vase" atteignant 4 m d'épaisseur et formant l'essentiel du tumulus. L'extrémité occidentale du monument est engagée entre les maisons du village. Un grand dolmen à couloir y est enserré dans un second cairn dont les pierres affleurent en surface. Sa couverture comporte une énorme dalle d'orthogneiss (8,3 m de long, 4 m de large et 0,5 m d'épaisseur), brisée sans doute par suite d'un porte-à-faux et anciennement amputée de son extrémité.

La chambre en a toujours été connue ouverte (elle fut jadis utilisée comme étable) et son couloir a été amputé par les constructions attenantes. La structure est strictement mégalithique, à dalles jointives (voire se recouvrant en écailles pour assurer l'étanchéité). Le sol de la chambre est formé d'une seule grande dalle d'orthogneiss taillée en ogive, probable stèle anthropomorphe réutilisée. Plusieurs piliers de la chambre et du couloir sont ornés.

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Tertre du Mané-Lud

Plan du dolmen occidental du Mané-Lud. La grande dalle en écusson forme le sol de la chambre et en dicte la forme. Les piliers décorés sont grisés.

Le Mané-er-Hroeg et ses menhirs satellites

Côté nord, le caveau avait été refermé de l'extérieur par un blocage grossier dans lequel on découvrit les fragments d'une petite stèle au décor particulièrement élaboré. Cette butte ovalaire de 100x60 m représente quelque 20 000 m3 de pierres entassées. Enserrée entre des constructions et embroussaillée, elle a malheureusement perdu une grande partie de sa monumentalité.
En creusant un cratère à partir de son sommet, les fouilleurs du siècle dernier atteignirent un caveau central de 4x3 m, aux parois très grossièrement maçonnées et couvert de deux blocs jointifs d'orthogneiss (un ancien menhir coupé en deux ?).

Le mobilier de cette tombe, conservé au musée de Vannes, était d'une richesse impressionnante :

  • un grand anneau-disque en jadéite, deux magnifiques lames de haches en jadéite et plusieurs pendeloques en variscite reposaient sur un dallage,
  • en dessous, 11 haches en jadéite, toutes brisées (dont l'une atteint 47 cm de long) et 90 haches en fibrolite étaient accompagnées de 44 perles et 5 pendeloques en variscite, deux hachettes polies et une armature de flèche. Deux longs blocs d'orthogneiss gisent côte à côte au pied oriental de ce mausolée princier. Ils étaient autrefois accompagnés d'un petit menhir qui a jadis été transféré dans une propriété des environs.
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Les deux grands blocs d'orthogneiss couchés au pied du Mané-er-Hroeg, d'après une carte postale du début du siècle.

La grande hache de prestige et l'anneau-disque en jadéite qui reposaient sur le dallage, au centre du caveau du Mané-er-Hroeg.