Les objets usuels sont soumis à des contraintes techniques parfois sévères pour leur fabrication (dureté de la pierre, rétraction de l'argile au séchage puis à la cuisson, etc.) comme pour leur utilisation (étanchéité, stabilité et éventuellement tenue au feu pour une poterie, équilibrage pour une hache, etc.).

Ces objets peuvent entrer dans le domaine de l'art par leur esthétique générale (qui va souvent de pair avec leur ergonomie) et leur décoration. La céramique est un "marqueur" culturel qui cumule plusieurs avantages :

  • facile à fabriquer, elle accompagne l'homme partout à partir du Néolithique,
  • élaborée dans un matériau plastique, elle se plie à l'inspiration créatrice de l'artisan,
  • fragile, elle est renouvelée souvent et suit l'évolution des modes et coutumes,
  • inutilisables mais quasi indestructibles, les débris abandonnés se retrouvent aisément.

Dans le Néolithique de l'ouest de la France, les décors des céramiques sont obtenus:

  • par des incisions étroites, pratiquées avant ou parfois après cuisson,
  • par des cannelures larges et peu profondes, obtenues par lissage appuyé de la pâte avec une pointe mousse,
  • par impression de matrices fabriquées de main d'homme (poinçons, peignes, cordelettes) ou directement obtenus dans la nature (lèvres ou "apex" de coquillages),
  • par application de cordons ou pastilles de pâte sur la paroi du récipient pour former un décor "plastique" en relief.

Les décors peints sont par contre quasi inconnus dans nos régions ; tout au plus note-t-on des incrustations de pâte blanche dans quelques motifs incisés ou imprimés. Au début du Néolithique, les formes des poteries sont simples ; ce sont surtout des bols plus ou moins largement ouverts et toujours à fond rond. Puis le répertoire se diversifie et quelques types particuliers semblent répondre à des besoins cultuels plutôt que domestiques :

  • des "coupes à socle" (jadis appelées "vases-supports" car considérées comme des piédestaux pour bols à fond rond) semblent avoir pu servir de brûle parfum,
  • des vases à pied creux pouvaient être utilisés pour des libations,
  • des bols à coupelle interne devaient permettre de décanter des décoctions diverses,
  • des "micro-pots" (parfois de quelques centimètres cubes seulement) pouvaient contenir des onguents.

Les "bouteilles à collerette" du Néolithique récent devaient elles aussi entrer dans cette catégorie. Par contre, on ne connaît dans l'Ouest aucune statuette en terre cuite comparable à celles qui ont été exhumées sur des sites du Néolithique moyen dans le Bassin parisien.

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Grand vase à fond rond du tumulus du Moustoir, orné de boutons en relief.

Un exemple de gobelet campaniforme à décor imprimé au peigne.

Ecuelle du "groupe de Kerugou" ornée de baguettes d'argile appliquées sur la paroi.

La coupe à socle du dolmen du Moustoir, au décor à la fois plastique et incisé (la vue en coupe montre la structure de la pièce).

Deux "micro-pots" du Néolithique moyen armoricain.