Les décors anciens repris

Ils se devinent en plusieurs endroits. Deux cas sont particulièrement caractéristiques.

La "stèle aux crosses" de la chambre

Cette dalle tranche par son tracé moins appuyé et plus sobre que celui des dalles voisines. On y reconnaît des crosses disposées en deux registres superposés et symétriques par rapport à un axe vertical. Le sommet de la pierre a été retaillé en son milieu pour en ajuster la hauteur à celle de ses voisines, ce qui a mutilé le haut du décor, mais les départs d'épaulements arrondis restent visibles de chaque côté.
On peut ainsi reconstituer une "stèle" d'un type très proche de celle qui forme le chevet de la Table-des-Marchands à Locmariaquer, mais le réemploi s'est fait ici de façon beaucoup moins respectueuse.

Une autre stèle dans le couloir

Plusieurs tracés préexistants semblent y avoir guidé l'exécution d'un décor de style "gavrinien" assez confus :

  • en partie basse, deux "écussons" quadrangulaires ont été secondairement recouverts de chevrons pour l'un et d'arceaux pour l'autre,
  • en partie haute, un grand arceau prend la pierre dans toute sa largeur ; à l'intérieur figure une très belle "crosse" dont la hampe se perd dans un décor spiralé.

Là aussi, le sommet de la pierre semble avoir été mutilé.

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"Stèle aux crosses" décapitée et réutilisée comme pilier dans la chambre.

Le pilier n°25 dans le couloir : probable stèle dont le décor ancien (crosse, arceau, écussons) semble avoir été respecté et complété secondairement.

Les décors anciens cachés

Plusieurs dalles de Gavrinis portent un décor peu ou pas visible depuis l'intérieur de la crypte, ce qui implique une exécution antérieure à la mise en place des blocs concernés.
Comme pour les décors repris, cette situation va en général de pair avec un style plus proche de l'art des tombes à couloir "classiques".

Chevrons, haches et corniformes

  • Le "chant" nord-ouest (côté chambre) du pilier 20 porte une double série de lignes obliques (15 à gauche, 18 à droite), piquetées peu profondément mais avec précision de part et d'autre d'un "axe virtuel" sur la surface naturellement lisse d'un "miroir de "diaclase",
  • L'effet obtenu est celui d'une série de chevrons emboîtés qui, à la différence du décor de la face principale, descendent bien en dessous du niveau du dallage
  • Les deux chants du seuil de la chambre, qui correspondent également à des miroirs de diaclase, portent eux aussi un décor géométrique, donnant un effet de "croisillonné" côté chambre et de chevrons emboîtés côté entrée (lorsque la pierre était encastrée dans le dallage, ce décor était totalement occulté),
  • Dégagé durant la fouille, le verso du pilier 15, au fond de la chambre, a montré un groupe de deux haches emmanchées de facture tout à fait classique et encadrant un probable petit écusson carré très effacé,
  • Le verso du pilier 20 s'orne d'un grand signe que l'on peut interpréter comme la représentation d'une grande lame de hache dont le talon serait pris dans un système de préhension ou d'ostension (un autre quasi-identique se trouve en situation analogue dans le dolmen de Pen-Hap à l'Ile-aux-Moines),
  • Le chant arrondi du deuxième linteau couvrant le début du couloir laisse entrevoir deux grands corniformes disposés côte à côte mais séparés par une série de petits arceaux emboîtés. Leur concavité orientée vers le haut indique toutefois que ces signes ont été conçus pour une pierre en position couchée et pour une pierre déjà en position horizontale comme actuellement.

Le plafond de la chambre

Dégagée lors des dernières fouilles, la face supérieure de la grande dalle "d'orthogneiss" recouvrant la chambre s'est révélée entièrement travaillée.

  • Les chants latéraux (N.E. et S.W.) correspondent à des cassures manifestement provoquées à partir d'une série d'encoches qui ont laissé une arête festonnée caractéristique,
  • Une énorme "hache-charrue" longue de 2,8 m et typologiquement très proche de celle qui orne le Grand-Menhir de Locmariaquer occupe toute la moitié nord de la surface, le sommet de la "boucle" dorsale et celui de la "lame" étant tronqués par la cassure N.E,
  • Une silhouette d'animal vu de profil (très certainement un bovin) occupe la partie sud. Le corps est trapu et tout juste esquissé mais la tête est plus élaborée et surmontée de grandes cornes arquées particulièrement soignées,
  • Deux autres cornes et l'échine d'un second animal sont recoupées par la cassure S.W. Un petit signe en "psi" et quelques cupules complètent ce décor que l'on a pu raccorder à celui du plafond de la Table-des-Marchands à Locmariaquer pour proposer la reconstitution d'un grand monolithe orné de quelque 14 m de haut, susceptible d'avoir été érigé dans l'alignement qui était associé au Grand-Menhir.
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Chevrons emboîtés sur le chant du pilier 20.

Chevrons alternés sur un chant du seuil de la chambre (côté couloir).

Face supérieure de la dalle recouvrant la chambre : le décor est recoupé par les deux cassures légèrement crénelées (en haut et en bas sur la photo).