A la différence des objets du quotidien, les réalisations de prestige s'affranchissent des contraintes fonctionnelles même si elles dérivent souvent de modèles utilitaires. Les grandes "haches d'apparat" en pyroxénite polie constituent sans doute le meilleur exemple pour le Néolithique dans l'Ouest de la France.

Elles accumulent en effet :

  • une valeur symbolique forte, exacerbant sans doute celle de la hache utilitaire, outil vital pour maîtriser la forêt et en exploiter les ressources,
  • l'esthétique d'une forme épurée et d'une matière noble à l'aspect flatteur (brillant, translucide et de couleur verte, teinte qui semble avoir été particulièrement prisée au Néolithique),
  • la rareté liée à la provenance lointaine du matériau (dont l'origine alpine ne fait désormais plus guère de doute),
  • l'aspect spectaculaire lié à une taille exceptionnelle (jusqu'à 40 cm, soit plus du double d'une lame de hache fonctionnelle),
  • la nature sacrificielle, ces objets étant destinés à disparaître dans la tombe de personnages sans doute eux-mêmes exceptionnels, au coeur des grands tumulus carnacéens.
Next slide
Previous slide

Lames de haches en pyroxénite polie, d'après un dessin aquarellé de L. de Cussé.

Cet ensemble de haches en pyroxénite trouvé au XIXe siècle à Arzon constituait peut-être le mobilier prestigieux d'une tombe "carnacéenne" déjà détruite à l'époque.