Keriaval à Carnac, un exemple de tombe dolménique évoluée à espace funéraire complexe.

A leur sujet, l'accord est quasi général :

Les premières tombes à couloir armoricaines sont à chambre simple, circulaire ou polygonale, dans une architecture encore relativement modeste. Très vite, elles prennent de l'ampleur ; des chambres franchement quadrangulaires apparaissent et, au sein des groupements les plus importants, des monuments à statut probablement spécial se distinguent par un couloir très long et un cairn particulièrement ample. Très vite également apparaît le besoin de diversifier et de spécialiser l'espace funéraire, d'où toute une gamme de tombes à chambre subdivisée.

La fin du Ve millénaire avant J.-C. et le début du IVe correspondent à l'apogée de cette première vague. Durant le IVe millénaire s'amorce une tendance inverse à la "dédifférenciation" ; la distinction entre chambre et couloir s'estompe et le besoin de monumentalité s'atténue en même temps que la surface funéraire augmente.

A la fin de ce même millénaire, un processus d'étirement des chambres donne le petit groupe très particulier des tombes "coudées" ou "en équerre" sur le littoral morbihannais.

Ailleurs en Armorique, régression du couloir et perte plus accentuée de la monumentalité aboutissent à l'ensemble des galeries funéraires du IIIe millénaire (tombes en "V", tombes "à entrer latérale", "allées couvertes", qui traduisent des influences venues du bassin parisien voire des Pays-Bas). Dans l'Ouest armoricain, l'usage des tombes mégalithiques parait s'arrêter assez brutalement avec le développement de la "Culture des Tumulus Armoricains", première (et brillante) civilisation de l'âge du Bronze qui s'installe dans la région vers 2200 -  2000 av. J.-C.

Modèle d'évolution des architectures funéraires monumentales néolithiques dans l'ouest de la France.

Pour la prise en compte des tombes "scellées", deux perspectives sont actuellement en lice :

  • un modèle "linéaire" (proposé notamment par C. Boujot et S. Cassen) : Le germe du mégalithisme funéraire armoricain se trouverait dans de modestes tombes en ciste enterrées et dépourvues de superstructures monumentales, comme il en existait déjà au Mésolithique final, à Teviec par exemple. Avec le processus de "Néolithisation", ces tombes auraient rapidement acquis une structure plus élaborée et développé des superstructures.

Le modèle du "tertre tumulaire" allongé se serait rapidement imposé (à partir d'un monument comme celui récemment étudié à Erdeven), pour atteindre parfois au gigantisme des tumulus carnacéens.
Cependant, le besoin de garder le contact avec le(s) défunt(s) aurait incité à l'apparition, vers la fin du Ve millénaire, de tombes à chambre et couloir qui seraient bientôt devenues des sépultures multiples.
Enfin, l'évolution de la société aurait conduit à abandonner les pratiques ostentatoires liées aux grandes architectures et à se recentrer sur les pratiques funéraires, d'où le retour à une certaine discrétion monumentale observée dans les galeries funéraires tardives.

  • un modèle "en parallèle" : Les tombes "ouvertes" et "fermées" correspondent à des relations à la mort quasi-opposées. On peut donc douter que les unes aient dérivé des autres et envisager qu'au contraire les deux conceptions aient été complémentaires.


L'ancienneté des tombes en ciste et leur ancrage dans la tradition régionale est indéniable, notamment dans le Morbihan. Mais, parallèlement au développement des tertres tumulaires, de nouveaux concepts conduisant à la réalisation des premières tombes à couloir ont pu émerger, peut-être dès le milieu du Ve millénaire dans des régions ne possédant pas la tradition des tombes en ciste comme le Nord-Finistère.

Quoique très arasé, ce petit dolmen montre bien sa structure avec chambre et couloir d'accès.