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Le décor exubérant de Gavrinis possède néanmoins une clé ; c'est le répertoire relativement simple et au graphisme beaucoup plus rudimentaire de l'art des tombes à couloir "ordinaires" du Ve millénaire. On peut en reconnaître la plupart des signes élémentaires à travers la débauche des lignes qui courent sur les parois de Gavrinis.
L'"écusson" est le signe le plus courant. Sur la première dalle décorée de la paroi gauche (n°26), on reconnaît son "corps" arrondi au sommet, son "rostre" apical et ses "boucles" latérales. Simplement, le tracé est démultiplié vers l'intérieur du cartouche et vers l'extérieur pour ses attributs.
Mais on s'aperçoit aussi que le "rostre" se comporte comme le germe d'un second "écusson", développant à son tour "rostre" et "boucles". On a là quelque chose qui évoque déjà les "idoles géminées" des galeries funéraires au Néolithique final.
A partir de cette clé, on peut tenter une "chasse aux écussons" sur les parois de la crypte. On voit alors que, si les écussons emboîtés ne sont pas la règle, ils sont loin d'être l'exception tandis que d'autres rapprochements, côte à côte cette fois, peuvent s'observer à plusieurs reprises.
La "hache" est présente sous deux formes : l'outil complet emmanché (à la base du n°8 et au dessus du n°6), mais surtout la lame isolée que l'on retrouve à plus d'une trentaine d'exemplaires sur six pierres différentes, la plus remarquable étant la dalle n°21 avec pas moins de 18 lames.
Ces dernières évoquent assez fidèlement de grandes haches "carnacéennes" à talon pointu. Quelques-unes montrent même le tranchant évasé et la perforation qu'arborent certains de ces objets de prestige en pyroxénite trouvés dans les grands tumulus (ce qui pose un petit problème chronologique, ces monuments étant estimés plus anciens que l'âge attribué à Gavrinis). Bon nombre de ces représentations sont appariées ; or on connaît des cas de haches polies sciées en deux longitudinalement à l'aide d'un fil et d'abrasif. Les fouilles de Gavrinis en ont même livré un exemple significatif où les deux demi-lames ont été retrouvées. Il n'est pas impossible qu'on ait là l'expression de quelque "mythe du partage"...
La "crosse" apparaît de plusieurs manières à Gavrinis, mais toujours associée à l'"écusson" dans les compositions qui ne dénotent pas de réemploi (comme c'est le cas des dalles 1 et 25) :
- sur le n°16, dans la chambre, c'est la "chevelure" d'une idole centrale qui, latéralement, se mue progressivement en une double série de crosses opposées,
- sur le n°8, la crosse, bien dessinée, se superpose au contraire à la "chevelure" du signe principal.
Le "corniforme" reste discret dans la chambre de Gavrinis puisqu'on ne le reconnaît guère qu'à la base des dalles n°15 et 16, ainsi qu'en haut du n°17.