Dans le cadre d’un projet d’aménagement du site du puits des Anglais (cheminement piéton, kiosques pour le pique-nique, aires de loisirs et de sport, parking), une fouille préventive a été menée en 2020.

La zone étudiée se trouve à proximité des ruines de l’usine sucrière du Baril, construite en 1861. Les plantations de cannes s’installent tardivement dans cette région, consacrée jusque-là aux cultures du café et du girofle. Après la chute du cours du sucre, l’usine cesse son activité sucrière. Elle compte alors 430 engagés et affranchis. L’usine est transformée en féculerie à manioc et une nouvelle cheminée est construite en 1919.

La fouille correspond à l’emplacement du camp des travailleurs de cette usine, établi en bord de mer, sur un littoral agité, mais où la présence du Puits des Anglais permet un accès à l’eau douce. Les structures observées appartiennent aux fondations de constructions (trous de poteaux). Il s’agit de maisons construites avec des matériaux périssables (bois, feuilles…) dont les plans ne sont pas facilement repérables. Des foyers et une zone de forge ont également été reconnus.

Un très grand bâtiment a été fouillé près de la ravine. Composé de trois alignements de trous de poteaux, il devait s’étendre sur une superficie minimale de 300m2, pour une longueur d’au moins 50 m. L’absence de sols conservés ne permet pas de connaître son organisation interne mais la présence à proximité immédiate de fosses dépotoir est en élément en faveur de l’hypothèse d’un habitat, plutôt que d’un hangar ou tout autre espace à vocation industrielle.

Une autre fosse dépotoir, recoupant une limite parcellaire, a fourni un mobilier de qualité daté de l’extrême fin du XIXe siècle. Il pourrait provenir de la maison du maître, rejeté en fond de parcelle ? ou provenir du camp de travailleurs, où certains objets auraient été recyclés ?

Cette fouille est une première sur les camps de travailleurs à La Réunion et s’insère dans une problématique plus large sur les quartiers serviles. Jusqu’à présent, les conditions de vie des engagés étaient essentiellement connues au travers des archives.