Les éphémères « thermes » de Mafate ont été abandonnés consécutivement à un éboulis au début du XXe siècle. Les vestiges d’une partie du village ont été récemment retrouvés lors d’une opération archéologique.

Découverte et exploitation de la source

Alors que le thermalisme se développe avec la découverte des sources chaudes de Cilaos en 1819 et de Salazie en 1831, une résurgence est identifiée à Mafate par un habitant en 1853. Sulfureuse, de faible débit et d’une température autour de 30°C, la source est rapidement exploitée pour les qualités curatives qu’on lui prête. Un petit établissement thermal s’établit en bordure de la rivière ; l’eau peut être bue directement à la résurgence ou acheminée jusqu’à quelques bains pour les traitements. Les curistes s’y rendent en chaise à porteur par la « route coloniale » qui remonte la Rivière des Galets depuis son embouchure.

Un village, Mafate-les-eaux, se développe avec des gîtes liés à l’activité thermale et des habitats permanents ; la classe aisée saint-pauloise y acquiert des parcelles afin d’établir des maisons secondaires, en pleine mode du changement d’air.

En 1913, un éboulis de falaise emporte le village ainsi que l’établissement thermal et obstrue la source. Malgré quelques soubresauts (dégagement de la résurgence, nouvel éboulement dans les années 1930) le site est définitivement abandonné.

Redécouverte du village thermal

L’exploitation du relevé LiDAR du cirque de Mafate a permis de détecter des structures sur un petit îlet situé dans le secteur de l’ancien village. Une opération de prospection archéologique est conduite en 2020 et les vestiges de la partie haute du village thermal, épargnés par les éboulement mais désormais difficile d’accès, ont été relevés. Ne restent sur place que les soubassements des maisons et quelques fondations, les matériaux de ces bâtiments ayant été récupérés au moment de l’abandon du site. Le peu de mobilier retrouvé confirme une fréquentation au XIXe siècle et les observations archéobotaniques mettent en évidence la présence, uniquement dans ce secteur anciennement habité, de plantes ornementales contrastant avec la végétation environnante.