La société coloniale de l’île Bourbon se compose de Blancs, de Noirs privés de liberté et de Libres de couleurs. Au sein de la première catégorie, et du fait d’un accroissement de la population entraînant un manque de terres, apparaît rapidement une classe paupérisée : les Petits-Blancs.
Motivations des installations dans les Hauts
Des premières concessions d’altitude sont attribuées aux colons, notamment pour endiguer le marronnage, mais ces derniers, en l’absence de voies d’accès, utilisent peu les terrains. À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle se développe une population blanche marginalisée, semi-nomade, errant entre les plantations côtières et le monde des marrons : ces Petits-Blancs vont alors progressivement s’installer sur les terrains inoccupés des Hauts.
Les modalités administratives de contrôle du peuplement, mises en place dans les années 1830-1840, diffèrent d’un secteur à l’autre. Salazie devient alors une commune et possibilité est faite d’acquérir officiellement des terrains. À Cilaos et Mafate se développent progressivement cultures vivrières, plants de café et élevages. Les Plaines seront les derniers espaces colonisés, à partir des années 1850.
Empreintes sur les paysages
Les activités agricoles vont progressivement façonner les paysages des Hauts. Défrichages, incendies et cultures vont par ailleurs être à l’origine de nombreux conflits entre la population et les autorités souhaitant préserver les forêts et les sols.
Outre cette anthropisation du paysage, les installations des Petits-Blancs vont laisser des traces, avec le développement de villages et de communautés. L’archéologie permet aujourd’hui de proposer une nouvelle lecture des Hauts de l’île dont il apparaît que tous les espaces de topographie un tant soit peu favorables, même d’accès difficiles, ont été occupés par le passé. En témoignent des sites dans le cirque de Mafate comme la Plaine-aux-Sables, Roche Plate ou le Plateau Picard, mais aussi dans des fonds de remparts avec l’ancien village de Cap Blanc ou les îlets du Bras de la Plaine.
