La chasse, reflet des problèmes de société
Dans ces sociétés de la fin du Néolithique, le rôle de la chasse varie rapidement d'une génération à l'autre. La courbe du gibier s'inscrit d'ailleurs en miroir de celle du porc domestique.
Tout indique que la chasse n'est pas simplement une activité technique de survie des groupes humains. La chasse, et principalement celle du cerf, tend à être rythmée par les arrivées de nouveaux colons dans la Combe d'Ain. Les maxima de la courbe du gibier coïncident étroitement avec les périodes où les acculturations réciproques sont à l'œuvre, en d'autres termes lorsque les problèmes de société sont exacerbés entre deux groupes de culture différente.
Variations de la courbe du gibier, en rapport avec l'acculturation entre populations locales et nouveaux colons.
D'après R.-M. Argobast.
Variations de la courbe du gibier, en rapport avec l'acculturation entre populations locales et nouveaux colons.
D'après R.-M. Argobast.
Variations de la courbe du gibier, en rapport avec l'acculturation entre populations locales et nouveaux colons.
D'après R.-M. Argobast.
Variations de la courbe du gibier, en rapport avec l'acculturation entre populations locales et nouveaux colons.
D'après R.-M. Argobast.
Un statut particulier : entre surnaturel et expression du pouvoir
En fait, les modalités d'abattage du gibier tendent à montrer que la chasse avait un statut particulier, qui dépassait largement le cadre d'une activité alimentaire. C'est ce qu'indiquent, d'ailleurs, les figurations de scènes de chasse sur les blocs-stèles du Val Camonica, consacrés à des puissances surnaturelles.
C'est également ce qu'indique le port de colliers avec des dents de carnivores (ours, loup et chien) et plus fréquemment de petits os perforés de carnivores, où le chien et le loup, bons chasseurs en meute, sont les mieux représentés.
Dents d'ours et de chien destinées à être montées en collier.
Chalain 2 AC, 30e siècle av. J.-C.
Pendeloques sur petits os de chien et de renard.
Chalain 4, 31e siècle av. J.-C.
En outre, les néolithiques recherchaient les animaux âgés et de grande taille pour obtenir des trophées : de très grandes défenses de sanglier ou des bois de cerf d'envergure inhabituelle. Avec des animaux plus jeunes, les trophées n'avaient aucune importance : on se débarrassait des bois d'un cerf fraîchement abattu pour qu'ils n'entravent pas la marche du chasseur de retour au village.
La chasse apparaît alors comme une technique sociale qui marque les étapes de la vie d'un adulte. De même elle est incontestablement liée à l'offrande publique de quartiers de gibier grillés aux pierres chauffantes, à la fois pour des compétitions entre les puissants et pour la régulation des déséquilibres de la société.