La prospection aérienne

Les techniques classiques de prospection aérienne peuvent être efficaces, comme sur terre ferme, pour déterminer l'emplacement de certains villages de bord de lac. Mais les indices sont différents parce qu'ils concernent, avant tout, des formations végétales qui viennent se fixer directement sur les poteaux des anciennes constructions ou sur les dépotoirs néolithiques, encore très riches en matières organiques et en nitrates.

Echappent pourtant à l'interprétation photographique les anciens habitats situés en profondeur, sous le sol actuel du bas-marais ou bien dans le lac, où les épaisses couches de craie lacustre ne sont pas favorables au développement d'un réseau de racines profondes. Echappent également les sites érodés (et qui sont d'un grand intérêt pour le dendrochronologue), où ne subsistent plus que les fondations des constructions en bois.

Pour en savoir plus : l'archéologie aérienne dans la France du Nord.

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Vue aérienne de Clairvaux IV, 31e siècle av. J.-C.

Pieux érodés.

Chalain 6, 30e siècle av. J.-C.

© CRAVA / photo P. Pétrequin.

La prospection terrestre et subaquatique

La prospection systématique des drains des tourbières et du marais est d'une haute rentabilité. À Clairvaux, six habitats néolithiques ont été repérés uniquement en surveillant, pendant dix ans, les réfections du réseau de drainage des terrains humides autour du lac.

La question de la prospection devient plus difficile quand il s'agit de certains sites archéologiques qui ne sont plus en position primaire, car ils ont glissé dans le lac à la suite de l'abaissement artificiel du niveau du plan d'eau. C'est le cas à Chalain où d'énormes blocs de craie se sont déplacés de plus de 200 mètres jusqu'à 15-20 mètres de profondeur. Les conditions de travail ne sont pas réellement bonnes, car la visibilité est rarement supérieure à un mètre. D'ores et déjà, à Chalain, cinq sites du Néolithique et de l'Age du Bronze ont été découverts entre 8 et 20 mètres de profondeur sous le niveau du lac à l'étiage.

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Bloc de sédiments archéologiques effondré dans le lac.

Chalain 21, 27e siècle av. J.-C.

Un sondage en plongée.

Charavines (Isère).

Les sondages à la tarière

Dans ces ambiances amphibies où les sédiments sont mous, les sondages à la tarière à main, sur des profondeurs allant jusqu'à 8-10 mètres, sont d'une remarquable efficacité pour étudier les successions stratigraphiques et repérer les sites d'habitat non érodés. La technique a l'avantage d'être peu onéreuse. En aucun cas, elle ne constitue une agression des sites à étudier, car elle est sans conséquences sur le fonctionnement de la nappe phréatique (contrairement aux tranchées à la pelleteuse). Elle est enfin parfaitement adaptée à des programmes d'analyses préliminaires (datations, évolution du milieu naturel), parce que les carottes de sédiments remontent sans remaniement.

L'avenir de l'étude des milieux humides passe certainement par le développement des prospections systématiques par sondages à la tarière, qui permettent des évaluations globales en quelques mois de travail.

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Sondages à la tarière depuis un ponton.

© CRAVA / photo P. Pétrequin.

Prélèvement et lecture d'une carotte.

Coupe stratigraphique reconstituée à partir de sondages à la tarière.

Dessin d'après A. Visseyrias.