Des maladies liées à la consommation de poisson

La surprise est venue de l'analyse des excréments humains souvent préservés dans les couches archéologiques en ambiance humide, avec la reconnaissance d'un nombre très élevé de parasites intestinaux sous la forme d'œufs. Ces œufs montrent la fréquence de parasitoses graves comme la douve du foie (consécutive à la consommation de salades) et également de la bothriocéphalose, liée à l'ingestion de poisson cru ou mal cuit. À peu près tous les habitants de Chalain et de Clairvaux semblent avoir été atteints par cette parasitose liée au poisson ; le parasite provoque une anémie grave, accompagnée de troubles cardio-vasculaires et hémorragiques.

Œuf de Diphyllobothrium sp.

Chalain 4, 31e siècle av. J.-C.

Une pêche hors des lacs

Cette découverte remet donc en cause l'idée d'une pêche marginale. L'étude des vertèbres de poisson a, par ailleurs, montré qu'il s'agissait de truites de rivière. Nous avons donc, semble-t-il, l'exemple de populations d'agriculteurs qui habitent en bord de lac, ne pêchent pas dans ce plan d'eau calme, mais vont chercher le poisson où il abonde, dans les rivières où la truite est aisée à prendre à la main, avec des filets-barrage ou bien des filets manuels.

À ce titre, le filet découvert à Chalain 19 est un bon exemple illustrant ce type de pêche. Les poissons, une fois capturés, n'étaient pas rapportés entiers au village : on devait prendre le soin de prélever la chair destinée à être séchée puis conservée, comme semblent l'indiquer la rareté des restes de poisson sur les lieux d'habitats ainsi que les pathologies liées à l'ingestion de poisson cru ou mal cuit.

Grand filet à cadre, probablement manié à la main.

Chalain 19, 32e siècle av. J.-C.