Les poignards en silex

À côté d'un outillage en silex d'origine majoritairement locale, il faut noter la présence, à Chalain et à Clairvaux, de quelques très longues lames provenant des régions de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) et du Grand-Pressigny (Touraine). Ces lames, taillées et retouchées, apparaissent dès 3040 av. J.-C. mais en très faible nombre. Par le haut niveau de savoir-faire qu'implique leur fabrication, elles sont le pendant, en pierre, des premiers poignards en cuivre qui voient le jour un peu plus tôt en Italie et en Languedoc, avec le développement des métallurgies locales.

Pendant le 30e siècle, le nombre de ces poignards est encore très limité dans les villages de Chalain. Il est vraisemblable que tous les hommes ne pouvaient en posséder un : il s'agirait alors de véritables marqueurs de statut inégalitaire.

En plus de cette fonction, les lames pouvaient servir d'outil cérémoniel pour l'ouverture des moissons. En effet, certaines d'entre elles portent des traces indiquant leur utilisation pour couper les céréales, ce qui n'est pas la méthode la plus courante à une époque où l'on moissonnait les épis en les érussant, c'est à dire en les arrachant et en laissant la paille sur pied.

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Poignards en silex du Grand-Pressigny.

Chalain, fouilles anciennes.

Musée d'archéologie du Jura, Lons-le-Saunier.

Stèle anthropomorphe de Sion, Valais (Suisse).

Dessin S. Favre, 1986.

Les haches

D'autres objets peuvent marquer la différence de statut entre les hommes. Il s'agit souvent d'outils à fonction matérielle efficace (des haches, des masses...), qui ont été profondément modifiés par polissage et portent souvent un décor exceptionnel. Ces outils ont été sur-déterminés pour insister sur leur fonction sociale prestigieuse : l'affichage de la position des "grands hommes".

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Gaine de hache cérémonielle en bois de cerf.

Chalain, fouilles anciennes. Musée d'archéologie, Lons-le-Saunier. Cliché R. Négri.

Hache-marteau cérémonielle en bois de cerf.

Chalain 3, 31e siècle av. J.-C.

Armatures de flèche en silex.

Chalain 19, 31e et 30e siècles av. J.-C.

Les flèches

Pendant le Néolithique, l'utilisation de la violence, des combats et de la guerre a été largement développée au profit des grands hommes. L'arc et les flèches permettent alors d'exacerber le principe mâle. Ces formes d'affichage social sont plus tard complétées par les poignards et apparaissent sur les blocs-stèles dédiés aux dieux. Comme le montre la maison isolée de Chalain 19, ces attributs sont détournés du sacré pour afficher les disparités sociales et consolider la position dominante de certaines personnalités marquantes. Avec le 3e millénaire qui débute, ce détournement des valeurs sacrées est poussé à terme : les signes d'inégalité, probablement héréditaire, sont clairement inscrits sur les stèles monumentales anthropomorphes de la haute vallée du Rhône et du Val d'Aoste.

Enfin, les parures viennent compléter le marquage social.

Stèle anthropomorphe de Sion (en rouge, l'arc et les flèches).

Valais (Suisse). Dessin S. Favre, 1986.