À l’origine, le sanctuaire dédié à Maurice n’est pas conçu en vue de recevoir une communauté monastique. Il s’agit simplement d’un petit oratoire destiné à abriter la sépulture de l’évêque fondateur et sans doute desservi par des clercs.

La première fondation

Un des sanctuaires fondés par Germain se situe au nord de la cité, à l’extérieur des remparts du castrum, sur des terres appartenant à sa famille. Il s’agit sans doute d’un simple oratoire destiné à recueillir les reliques des saints martyrs d’Agaune : Maurice et ses compagnons. Pour y accomplir le culte, Germain choisit l’un de ses disciples, Saturnin. Il dote ensuite sa fondation de plusieurs domaines fonciers afin d’assurer les revenus nécessaires à sa subsistance. Les fouilles archéologiques ont révélé la présence d’une crypte, antérieure à l’époque carolingienne. Cet espace quadrangulaire d’environ 7,50 m par 10 m s’apparente probablement à l’oratoire du Ve siècle et accueille la sépulture de saint Germain.

Saint Maurice d’Agaune

À la fin du IIIe siècle, des soldats commandés par Maurice sont appelés de Thèbes (Égypte, actuelle Louxor), pour renforcer l’armée impériale qui s’apprête à partir pour la Gaule. Après le passage des Alpes, les Thébains refusent d’obéir à des ordres contraires à leur confession chrétienne. L’empereur Dioclétien (285-305) réprime cette insubordination en condamnant Maurice et ses compagnons à mort. Ces derniers font partie des rares martyrs gaulois, de ce fait, leur culte se répand rapidement dans la région.

L’inhumation de Germain

Germain meurt le 31 juillet 448 durant un voyage à Ravenne, en Italie. Peu avant sa mort, l’évêque d’Auxerre avait obtenu que son corps soit rapatrié dans sa cité. Il est alors inhumé dans l’oratoire qu’il avait fondé en l’honneur de saint Maurice le 1er octobre 448. Ce choix d’inhumation entre en rupture avec la tradition auxerroise. Jusqu’alors, les évêques de la cité se faisaient enterrer dans la nécropole du Mont Artre, située au sud-est, à l’extérieur de l’enceinte romaine. Jusqu’au début du VIIe siècle, la majorité des pontifes auxerrois suivent l’exemple de Germain et se font inhumer auprès de lui, à commencer par son successeur direct Alode. Le culte anciennement rendu à Maurice et ses compagnons est rapidement remplacé par celui de Germain. L’oratoire prend alors rapidement son nom.