Le temps des Carolingiens, en particulier le règne de Charles le Chauve (843-877), marque le véritable essor de la renommée du monastère auxerrois. Pour Saint-Germain, cette période est caractérisée par un apogée aussi bien intellectuel et liturgique qu’architectural.

L’école d’Auxerre

L’école d’Auxerre renvoie à l’enseignement dispensé successivement par plusieurs maîtres à Saint-Germain pendant les deux derniers tiers du IXe siècle. L’abbaye possédait alors une école monastique dont la réputation s’étendait dans tout l’Occident carolingien. Cette école est à l’origine de plusieurs ouvrages composés par les maîtres et largement diffusés dans les grands centres intellectuels carolingiens qu’étaient certains monastères ou cathédrales du royaume Franc.

Les maîtres

Quatre maîtres se sont succédé à la tête de l’école monastique de Saint-Germain entre 835 et 893, chacun ayant d’abord été élève de l’école avant d’en prendre la tête. Murethach, premier des maîtres auxerrois, est un grammairien originaire d’Irlande. Il dispense son enseignement à Saint-Germain dans les années 835-845. Aujourd’hui, une vingtaine de manuscrits de son œuvre, datés des IXe et Xe siècles, sont encore conservés. L’un des élèves de Murethach, Haymon, devient maître à son tour après le départ de ce premier. Son œuvre, surtout exégétique, a été utilisée jusqu’au XVIe siècle. Heiric, successeur d’Haymon, est offert comme oblat vers 848 à Saint-Germain. Il rédige notamment une Vie de saint Germain complétée par le récit de ses miracles. Il meurt entre 875 et 885, et il est remplacé par Remi, l’un de ses élèves. L’œuvre de ce dernier s’attache à la fois au domaine spirituel avec des commentaires théologiques et au domaine du profane avec des commentaires grammaticaux ou d’auteurs antiques.

Les courants de pensée

Les maîtres de l’école de Saint-Germain contribuèrent à développer certaines idées contemporaines. Heiric est marqué par les écrits de l’helléniste Jean Scot Érigène qui fit redécouvrir en Occident les auteurs néoplatoniciens oubliés depuis l’extinction de la connaissance du grec dans cette partie de l’empire. L’attrait pour l’Antiquité latine développé par les lettrés carolingiens dans l’entourage de Charlemagne se retrouve largement dans les œuvres des maîtres d’Auxerre. Ils font copier des textes de Salluste, César, Lucain, Virgile et soulignent la présence de reliques romaines dans leur monastère. D’autre part, Haymon élabore un schéma de la société selon trois ordres fonctionnels : ceux qui prient, ceux qui combattent, ceux qui travaillent. En théorisant ainsi l’organisation de la société, il sert de modèle aux réflexions ultérieures.