C’est en particulier grâce à la puissance surnaturelle dont jouit le tombeau de Germain que l’abbaye obtient les faveurs des grands princes carolingiens.

Le culte des saints

Le qualificatif de saint est reconnu à un personnage, clerc ou laïc, en vertu de ses mérites spirituels. Les individus réputés saints ont la capacité d’intercéder en faveur des chrétiens lors du Jugement dernier. Jusqu’au Xe siècle, aucun processus de canonisation n’est connu, la seule exigence est celle de l’assentiment général des fidèles en faveur d’individus (majoritairement les évêques et les abbés) peu de temps après leur mort. Une puissance miraculeuse peut alors émaner des reliques et des sépultures de ces derniers, et des pouvoirs, comme celui de guérison, leurs sont souvent attribués. Le plus souvent le culte rendu aux saints est local, seuls quelques apôtres comme Pierre et Paul reçoivent un culte universel. La mise en avant du culte des saints par l’Église se manifeste par la translation, au cours duquel l’évêque fait exhumer le corps du saint pour le porter dans un lieu privilégié, le plus souvent un autel.

La guérison miraculeuse de Conrad

Plusieurs sources rapportent les miracles advenus auprès du tombeau de Germain. L’un d’entre eux serait à l’origine d’une importante reconstruction du mausolée épiscopal. Vers 840, Conrad, oncle de Charles le Chauve et sans doute abbé laïc de Saint-Germain, perd peu à peu la vue. Alors qu’aucun remède ne parvient à le soulager, il décide d’invoquer l’intercession de Germain. Une nuit d’insomnie alors que la douleur se faisait plus vive, il vient se prosterner en prières auprès du saint tombeau. Il y trouve des herbes qu’il s’applique longuement sur les yeux et retrouve alors la lumière. Miraculeusement guéri, il veut aussitôt marquer sa reconnaissance envers l’abbaye, et fait reconstruire son sanctuaire. Conrad confie à sa femme, Adelaïde, le soin de mener à bien l’entreprise.