Les peintures murales carolingiennes occupent à Saint-Germain d'Auxerre une place majeure qui participe à la renommée du site. Ces peintures sont au cœur de la problématique archéologique dans la mesure où leur étude minutieuse contribua à éclairer la compréhension architecturale de l'édifice.

Méthodes d’investigation

L'ampleur des peintures de la crypte est à l'origine de la mise au point d'une méthode d'analyse stratigraphique et d'enregistrement des décors dont le but est d'identifier les étapes de l'ornementation et les techniques des peintres médiévales. Le premier niveau d'analyse concerne la composition et la fonction des enduits qui supportent les décors peints. Vient ensuite l'examen iconographique de chacune des peintures qui cherche à distinguer toutes les stratigraphies de couleur utilisées pour le décor. La représentation est d'abord divisée en éléments iconographiquement indépendants, comme un personnage, un objet ou un édifice. Chaque élément est lui-même subdivisé en motifs iconographiques, comme une main ou une tour, ayant reçu une même couleur sur toute sa surface. La stratigraphie des couleurs superposées est alors enregistrée. On distingue pour chaque motif la couleur, l'aspect et la fonction des différentes couches picturales appelées Unités d'Application de Couleur (UAC). La position et la stratigraphie de ces UAC sont codifiées et schématisées. Ces enregistrements systématiques permettent de caractériser l'utilisation des couleurs tant dans leur niveau d'application que dans leur fonction picturale. La confrontation stratigraphique des motifs et des éléments iconographiques rend possible la restitution couche par couche des étapes du travail du peintre.

Lecture stratigraphique d’une peinture

Lorsqu'une peinture est bien conservée il est possible de restituer les étapes d'élaboration d'une scène historiée par l'analyse stratigraphique picturale des différents éléments iconographiques qui la composent. Une des scènes du martyre de saint Étienne, celle de son extase, répond à ces conditions hormis pour la partie inférieure qui n'a pu être mise correctement en relation stratigraphique avec le reste des couches picturales. Le peintre a d'abord délimité le cadre demi-sphérique de la scène par deux bandes parallèles blanche et rouge, et esquissé dix personnages ressortant en blanc cassé sur un fond gris. Dans un deuxième temps, des fonds jaune pâle furent posés à l'emplacement des têtes et de certains vêtements avant de souligner de rose les détails des visages et des mains. Vient ensuite l'application des rouges pour les cheveux, les barbes, les manteaux et quelques rehauts des traits des faciès. Un blanc cassé est encore utilisé pour souligner les plis des tuniques, des braies et de la robe d'Étienne. Celle-ci reçoit enfin des rehauts rouges.