La crypte est la plus importante innovation de l’abbaye pour la période carolingienne. Cette construction est connue, d’une part, grâce aux sources manuscrites et, d’autre part, grâce à l’archéologie.

La crypte d’après Heiric d’Auxerre

Heiric est oblat à Saint-Germain au moment de l’édification de la nouvelle crypte. Il rapporte dans son récit sur les miracles du saint évêque des éléments sur la construction du sanctuaire. On sait ainsi que les architectes confectionnèrent d’abord une maquette de cire de leur projet qui étendait l’abbatiale vers l’Orient en s’installant sur la pente qui descendait vers l’Yonne. Si la pierre fût extraite de carrières locales, les moines allèrent récupérer jusqu’aux rives de la Méditerranée des marbres pour bâtir les colonnes. Heiric relate à ce propos l’aide divine apportée aux bâtisseurs : « Une équipe de manœuvres robustes unissant leurs forces mettait en place sous un arc une de ces colonnes, d’une dimension non négligeable, déjà posée sur sa base. Ils y mettaient toutes leurs forces ; alors que déjà elle se tenait presque debout, la masse monstrueuse fut plus forte que ceux qui la poussaient et, échappant déjà à leurs mains, elle était conduite à la ruine par son propre poids. Tous s’étaient reculés par peur du danger, s’attendant non sans un profond et douloureux regret à la chute du marbre qui allait bientôt éclater en morceaux. La présence de Dieu renversa la situation contre toute attente (...) si d’abord on la vit dans son élan se précipiter à terre, tout autant on vit ensuite sa masse regagner les hauteurs sans aide visible. »

L’archéologie de la crypte

Les cryptes reconstruites durant la période carolingienne sont proches de l’état actuel de l’édifice que nous nous proposons de présenter ici. Elles sont accessibles par les bras nord ou sud du transept, et s’étendent sous l’ensemble du chevet gothique. Elles sont caractérisées par des couloirs de circulations amples (plus de 2,40 m. de long), qui entourent une salle centrale appelée la Confession (espace où reposent des reliques). Aux couloirs sont intégrés plusieurs oratoires, tous dédiés à un saint particulier. Enfin, au fond de la crypte se trouve la rotonde Sainte-Maxime, dont la fonction reste aujourd’hui inconnue.