L’âge du Bronze couvre la période des IIIe et IIe millénaires avant J.-C. On considère généralement que cette période correspond à l’entrée de la Mésopotamie dans l’Histoire, tant l’abondance des textes écrits va permettre de reconstituer une histoire évènementielle de cette région. Au nord de la Mésopotamie plus particulièrement, c’est le site de Ninive qui semble central.

La période dite Ninive V

En 1930, l’archéologue britannique Max Mallowan et son équipe effectuent des fouilles archéologiques sur le tell de Kuyunjik, site situé à Ninive, en face de la vieille ville de Mossoul. Dans le cinquième niveau archéologique (strate V), les archéologues identifient des objets et vestiges de bâtiments datant de 3000 à 2500 avant J.-C. ; ils nomment alors cette période « Ninive V ».

Déterminante pour le développement urbain des sites de la région du nord de la Mésopotamie, cette période se caractérise notamment par sa céramique, dont la technique de fabrication, la forme, les motifs et la couleur sont typiques. Des empreintes de sceaux-cylindres confirment aussi le rôle prépondérant de centre commercial et de centre d’échanges qu'occupe la ville, en particulier, avec les régions de la Diyala et de la Susiane. Le rôle exact de Ninive ne nous est pas pleinement connu, mais la ville semble être déjà un établissement urbain pleinement inséré dans son environnement.

Un territoire de cités-États

Vers le milieu du IIIe millénaire avant J.-C., des textes historiques révèlent l’existence de pouvoirs morcelés dans de petits royaumes autonomes souvent appelés « cités-États », englobant une ou plusieurs villes et un territoire agricole avec des villages et un réseau de canaux, le tout plus ou moins étendu selon leur puissance.

En dépit de tentatives d’unification et de réelles prééminences plus ou moins éphémères de certains royaumes sur d’autres, tous ces petits royaumes croient pourtant en un même panthéon, ils partagent une écriture et une langue communes. L’économie semble largement reposer sur un système de domaines de terres agricoles, qui sont surtout rattachés aux temples, avec toutefois une forte autorité centrale du roi. Ce dernier est assisté par sa famille – notamment son épouse principale ou ses enfants – et par de hauts dignitaires. Si aucun texte ne permet de reconstituer l’histoire de Ninive à cette époque, les fouilles archéologiques ont permis d’y reconnaitre toutes les caractéristiques propres aux cités-États mésopotamiennes.

Et des royaumes mésopotamiens

La fin du IIIe millénaire avant J.-C., en Mésopotamie, est marquée par la domination de deux vastes royaumes : Akkad (du XXIVe au XXIIe siècle av. J.-C.) et Ur III (au XXIe siècle av. J.-C.). Ces deux royaumes étendent leur domination en Mésopotamie du Nord. La ville de Ninive est très certainement passée sous leur contrôle, bien que le manque d’attestations archéologiques ne permette pas aujourd’hui de comprendre pleinement les modalités de cette domination.

Il n’en demeure pas moins sûr que ces grands États territoriaux de la fin du IIIe millénaire ont ouvert la voie aux grands royaumes conquérants du IIe millénaire et ont posé les bases d’un système de gestion des territoires. À Assur, les rois de ce qui n’est, à la fin du IIIe millénaire, qu’une cité-État parmi d’autres, vont progressivement étendre leur territoire pour fonder l’un des plus grands empires mésopotamiens : l’empire assyrien.