Situé à une trentaine de kilomètres de Mossoul, le site de Nimrud doit son nom au héros biblique Nimrod. S’il a livré quelques vestiges attestant d’un peuplement remontant au VIe millénaire avant J.-C., il est surtout connu pour avoir été désigné capitale de l’empire par Assurnasirpal II (883-859 av. J.-C.) sous le nom de Kalhu.

Histoire et topographie du site

Kalhu était stratégiquement placée entre la ville sainte d’Assur et la capitale historique de l’empire, Ninive. L’inauguration de la nouvelle capitale en 879 avant. J.-C. donna lieu à des cérémonies particulièrement fastueuses, dont un banquet, décrit sur la stèle à laquelle il donne son nom, conservée dans le musée de Mossoul. De nombreux bâtiments ont été fouillés : le Palais « sans égal », le Palais Nord-Ouest d’Assurnasirpal II et plusieurs sanctuaires. Ces monuments se trouvent sur une acropole de 20 hectares qui surplombe le Tigre et la ville basse. Kalhu reste capitale de l’empire pendant près de deux cents ans, jusqu’à ce que le roi Sargon II (721-705 av. J.-C.) transfère la capitale à Dur-Sharrukin à la fin du VIIIe siècle avant J.-C. Demeuré un centre important au cœur de l’empire pendant le siècle qui suit, la ville de Kalhu est largement détruite en 612 avant J.-C., à la chute de l’empire assyrien.

Les découvertes archéologiques

Nimrud est découverte par l’archéologue anglais Austen Henry Layard au milieu du XIXe siècle. Par la suite, de nombreuses équipes de diverses nationalités vont y travailler : entre 1956 et 1959, des fouilles irakiennes sont réalisées ainsi que dans les années 70, de manière plus ponctuelle, notamment par Hazim Abd al-Hamid, alors directeur du musée de Mossoul où une partie des œuvres découvertes fut transférée après son ouverture en 1974, en particulier les reliefs trouvés dans les salles L et M du Palais Nord-Ouest.

Parallèlement, de 1974 à 1976, des archéologues polonais fouillent au centre du tell. Entre 1987 et 1989, des équipes italiennes effectuent une prospection de surface et des fouilles sur une autre acropole située dans l’angle sud-est de la ville. En 1989, une équipe du British Museum revient pour fouiller le même édifice.

Entre 1985 et 1991, le site est fouillé par une équipe irakienne qui découvre notamment, en 1988, sous le Palais Nord-Ouest, des tombes de reines renfermant des trésors d’orfèvrerie appelés les « ors de Nimrud ».

Des sculptures animalières

Plusieurs œuvres phares du musée de Mossoul ont été découvertes à Nimrud, notamment les lamassu, ces lions androcéphales ailés érigés par paires aux portes extérieures et intérieures des palais, enceintes ou temples, comme dans le sanctuaire du dieu Ninurta, pour protéger ces espaces de passage. Tout comme les reliefs, ils protégeaient aussi la base des murs en argile tout en soutenant la voûte des portes, ornée de briques à glaçure colorée. Mais ils avaient surtout la fonction magique de repousser les forces malfaisantes.

Dans le même esprit, un lion monumental rugissant faisait à l’origine partie d’une paire de lions-gardiens situés de part et d’autre de l’entrée du temple de la déesse ʿIshtar Sharrat-Niphi à Nimrud. Suivant une convention présente jusqu’au règne de Sennachérib, à partir duquel les animaux-gardiens n’ont plus que quatre pattes, ce lion en présente cinq, tout comme les lions ailés, de sorte qu’ils apparaissent à l’arrêt vus de face et en marche vus de profil. Faisant partie des sculptures monumentales à caractère protecteur, ce lion-gardien portait un texte assyrien inscrit entre ses pattes, commémorant son commanditaire, Assurnasirpal II, et ses grandes œuvres, tout comme les lamassu.

Des œuvres commémoratives inscrites

Du règne d’Assurnasipal II toujours, la stèle du banquet découverte à Nimrud en 1951 compte parmi les monuments majeurs détruits par Daesh. Ce bloc de grès rectangulaire, dont l’avers montrait une représentation en pied du roi surmonté de symboles divins, était gravé d’une longue inscription de 154 lignes. Ce texte donne un bref résumé des campagnes militaires d’Assurnasirpal II et décrit la construction du palais royal et de divers temples à Kalkhu, la création de jardins et les exploits de chasse du roi. Le dernier passage détaille le menu du grand festin offert durant dix jours par le roi à 69 574 convives pour inaugurer son palais et célébrer la fondation de sa capitale en 879 avant J.-C.

Enfin, une base de trône inscrite au nom du roi Assurnasirpal II, provenant de la salle du trône du Palais Nord-Ouest bâti par le même souverain, était exposée dans le hall assyrien. Lors de l’occupation du musée par Daesh, cette large base a été volontairement détruite par des explosifs. Le choc de l’explosion a non seulement réduit ce monument en une multitude de fragments, mais également ouvert le spectaculaire trou béant dans le sol du musée. Figurant parmi les premières œuvres dont la restauration a pu être lancée, elle reprend forme aujourd’hui peu à peu.