Le nord de l’Irak est particulièrement riche en sites archéologiques dont certains furent occupés sur plusieurs milliers d’années, parfois depuis la préhistoire.

Les premières communautés sédentaires

Vers 12 000 avant J.-C., à la fin de la dernière période glaciaire, le réchauffement du climat favorise les premières installations durablement sédentaires connues de l’homme dans une zone en forme de croissant traditionnellement appelée le « Croissant fertile » et couvrant notamment le nord de l’Irak. Ainsi, les plus anciens villages connus à ce jour y ont été découverts.

Quelques quatre mille ans plus tard, c’est également dans cette zone que l’on voit progressivement apparaître une nouvelle économie dite « néolithique », combinant l’agriculture et l’élevage d’animaux progressivement domestiqués. Vers 7000 avant J.-C., l’apparition de la céramique permet, grâce aux décors et formes variées des vases, de distinguer de mieux en mieux les ensembles de communautés villageoises partageant une culture commune et intégrés dans des réseaux d’échanges croissant avec le temps.

Le site de Yarim Tepe

Les collections préhistoriques du musée de Mossoul, situées dans la mezzanine, présentaient des artefacts de ces différentes périodes et cultures. Lors de la fermeture du musée en 2003, ces collections ont été rapatriées à Bagdad et seul un four, datant de la période néolithique et provenant du site de Yarim Tepe, subsiste aujourd’hui dans le musée. Ce site datant des Ve et VIe millénaires avant J.-C., fouillé par une équipe russe dans les années 70, a livré des vestiges documentant les modes de vie des populations néolithiques, leurs habitations et les outils du quotidien, en pierre ou en métal. Le four conservé dans le musée de Mossoul est par ailleurs un des premiers témoins de la maitrise de la cuisson des céramiques pour une époque aussi ancienne.

Hassuna

De nombreux autres sites de la région de Mossoul documentent la période néolithique. Sur le site de Hassuna, par exemple, une équipe irakienne de la Direction générale des Antiquités a pu mettre en évidence dans les années 40 l’existence d’une culture villageoise remontant à la fin du VIIe millénaire, reconnaissable à sa céramique encore assez grossière, le plus souvent décorée de motifs géométriques incisés, parfois peints en brun-rouge.

Arpatchiyah

Sur le site d’Arpatchiyah, les fouilleurs britanniques et irakiens ont pu mener des recherches sur les cultures céramiques dites de Halaf et Obeid, datant des VIe et Ve millénaires avant J.-C. La culture de Halaf s’est étendue sur une très vaste zone allant de la Méditerranée aux piémonts du Zagros. Elle est caractérisée par une belle céramique ornée de motifs floraux et géométriques que l’on retrouve dans les nombreux petits villages aux maisons circulaires, avec parfois une annexe en couloir, à côté de maisons quadrangulaires.

Tepe Gawra

Sur le site de Tepe Gawra, enfin, une équipe américaine a pu mettre au jour les témoins de communautés villageoises organisées en chefferies datant du Ve millénaire avant J.-C. et caractéristiques de la culture dite d’Obeid, reconnaissable à sa céramique peinte, en brun sur fond clair, de motifs géométriques et animaliers. Si elle demeure villageoise, la culture d’Obeid a dépassé le stade des premières communautés repliées sur elles-mêmes, pour progressivement mettre en place les bases d’une nouvelle société hiérarchisée et caractérisée par un accroissement des échanges à longue distance.