Situés sur la rive gauche du Tigre, au confluent du Khosr, les vestiges de l’antique ville de Ninive se trouvent aujourd’hui dans les faubourgs de la ville moderne de Mossoul, dont la vieille ville est de l’autre côté du fleuve.

Un site archéologique majeur

Le vaste site archéologique correspondant à l’antique Ninive comprend notamment les collines, aussi appelées « tells », dites de Kuyunjik et de Nebi Yunus. Il s’agit de l’une des plus anciennes villes de Mésopotamie, occupée depuis les époques préhistoriques, comme l’atteste un village datant du VIe millénaire avant J.-C.

Au Ier millénaire avant J.-C., Ninive devient la capitale de l’empire assyrien. Visité par Claudius James Rich en 1820 et brièvement exploré dès en 1842 par Paul-Émile Botta, ce site immense a surtout été fouillé par Austen Henry Layard à partir de 1847, assisté d’Hormuzd Rassam. D’autres archéologues britanniques s’y succèdent également des années 1870 au début du XXe siècle : George Smith, Ernest Alfred Wallis Budge, Leonard William King, Reginald Campbell-Thompson.

À partir des années 1950, une équipe irakienne fouille à Kuyunjik et Nebi Yunus, sous la direction de M. A. Mustafa de 1951 à 1958, de Tariq Madhlum de 1967 à 1971, de Manhal Jabur en 1980, et de ʿAbd as-Sattar en 1987. À la fin des années 1980, l’université de Berkeley fouille notamment la ville basse sous la direction de David Stronach. Depuis quelques années, les travaux à Ninive ont repris, menés par une équipe italienne sous la direction de Nicolo Marchetti et une équipe allemande dirigée par Peter Miglus.

De grandes découvertes sur le site principal

La Bible décrit l’importance de Ninive en mentionnant qu’il faudrait trois jours de marche pour en faire le tour. Pleinement développée par Sennachérib d’abord (705-681 av. J.-C.), puis par ses successeurs, on y a notamment retrouvé une enceinte de 12 kilomètres de long, et des palais, parmi lesquels le Palais « sans rival » ou encore le Palais Nord.

Du site de Ninive a notamment été dégagé un autel à quatre pieds dédié aux Sibitti par Salmanazar III (853-824 av. J.-C.). Cet autel se présente sous la forme d’un bloc rectangulaire. Comme les autels tripodes de Khorsabad, il est gravé de barres transversales et pourvu de pieds en forme de pattes de lion, le tout évoquant sans doute, sculpté dans la pierre, des modèles de mobilier en bois qui pouvaient être plaqués de décors rapportés. Cet autel était voué à des divinités appelées Sibitti, probablement dans leur temple à Ninive où il fut accidentellement découvert parmi les décombres de la ville, sans provenance plus précise.

À la périphérie du site

Une base de colonne fut également retrouvée, parmi d’autres, dans la ville basse de Ninive, dans une zone qui a notamment livré un bâtiment remarquable caractérisé par un porche monumental du genre dit « Bit Hilani ». La base de colonne est circulaire et ornée d’un feston représentant des bourgeons stylisés.

Une stèle enfin, trouvée par un fermier en 1999 au sud-est du site de Nebi Yunus, portait au sommet l’image du roi Sennachérib tourné vers la gauche, en prière devant des symboles divins. Elle était couverte d’une inscription en cunéiforme assyrien rappelant ses hauts faits, dont la construction par ce souverain d’une route royale de cinquante coudées. Celle-ci devait traverser Ninive depuis la porte d’Assur au sud jusqu’à la porte de Nergal au nord de l’enceinte. Cette stèle a malheureusement été très endommagée lors de l’occupation de Daesh.