La période islamique, qui occupe la troisième aile du musée, est représentée notamment par des éléments de décor architectural prélevés sur des monuments de la vieille ville de Mossoul.

L’épanouissement de la ville à la période médiévale

Mossoul se développe véritablement suite à la conquête arabe (640-641). Elle devient capitale de la province de la Djézireh sous les califes Omeyyades (661-750). La ville connait ensuite un nouvel essor aux Xe et XIe siècles sous la domination de dynasties arabes locales. Mossoul et sa région ont toutefois livré peu de témoignages matériels des premiers siècles de l’Islam. D’autres villes d’Irak ont connu un développement encore plus considérable sous les califes abbassides (750-1258), comme Kufa, Basra, puis Bagdad. À Samarra, capitale temporaire du califat au IXe siècle, située à 125 kilomètres au nord de Bagdad, les ruines d’immenses palais, de plusieurs mosquées et un important matériel archéologique ont été mis au jour au début du XXe siècle, essentiels à la connaissance de l’Irak abbasside.

L’âge d’or de la ville de Mossoul sous les Atabegs

Sous la domination des Atabegs, Mossoul et la Djézireh connaissent un âge d’or aux XIIe-XIIIe siècles, avec de grands princes comme Zanki (1127-1146) et ses descendants, puis Badr al-Din Lu’lu’ (1233-1259). À Mossoul, principal centre urbain de la région, la ville et ses environs se couvrent de nombreux monuments musulmans et chrétiens. De cette période date l’édifice emblématique de la ville, la Grande mosquée al-Nuri et son célèbre minaret penché surnommé al-Hadba, bâtie sur l’ordre de l’Atabeg Nur ad-Din ibn Zanki en 1170-1172. La mosquée a été entièrement reconstruite, à l’exception de son minaret, entre 1945 et 1950, en réutilisant certains éléments, tandis que d’autres ont été déposés au musée de Bagdad.

Après l’invasion mongole à partir de 1258, Bagdad et Mossoul demeurent d’importants centres urbains et culturels, dont peu de vestiges subsistent malheureusement. Au XIVe siècle, l’Irak passe pour plusieurs siècles sous la domination ottomane ; à Mossoul, le commerce continue à prospérer, comme en témoignent les riches demeures des grandes familles locales.

Le développement architectural et artistique de la ville

Le prince Badr al-Din Lu’lu’ fut un grand bâtisseur et mécène, et plusieurs monuments datant de son règne ont été préservés à Mossoul jusqu’au XXe siècle : son palais Qara Saray, les deux sanctuaires des imams Yahya ibn al-Qasim et ʿAwn al-Din, la mosquée Banat al-Hasan, la mosquée Qadib al-Ban, ou encore le sanctuaire dédié à l’imam ‛Ali al-Asghar.

Les décors de la période des Atabegs, qu’ils soient en stuc, en marqueterie de pierre, en briques émaillées, en bois ou en métal, témoignent d’un goût pour la bichromie et les motifs en relief, comme de la complexité croissante des compositions géométriques. À cette époque, Mossoul était par ailleurs un centre très réputé de fabrication d’objets de luxe en métal incrusté mais aussi de production de fines soieries à fil d’or (mousselines) mentionnées par Marco Polo.