L’Antiquité tardive était présentée dans le deuxième hall du musée. Celui-ci comprenait des chefs-d’œuvre provenant du site de Hatra.

La cité antique de Hatra

Hatra (aujourd’hui al-Hadr) est une cité de Mésopotamie du Nord située à environ 100 kilomètres au sud-ouest de Mossoul. Elle se développe au cours des trois premiers siècles de l’ère chrétienne pour devenir la capitale régionale d’un royaume puissant, allié de l’empire parthe. Hatra était un important centre caravanier à la croisée des routes de commerce reliant les mondes iranien, mésopotamien, anatolien et méditerranéen, dont la piste principale allait de Séleucie du Tigre à Nisibis, et donnait aussi accès à Palmyre. Hatra était aussi un important centre religieux pour les tribus arabes de la steppe, dont la divinité principale était le dieu du soleil Shamash, vraisemblablement vénéré dans le grand complexe monumental qui domine l’enceinte sacrée. La ville a été détruite en 241 par le roi sassanide Shapur Ier.

De grands bâtisseurs

Le Grand sanctuaire, avec ses nombreux temples construits à l’intérieur d’un temenos monumental (enceinte sacrée délimitant un espace dans lequel était édifié un temple), témoigne d’une maitrise parfaite des techniques de construction. Il démontre l’application d’une vision orientale aux ordres classiques. Les trois étapes de l’existence de la cité (Ier-IIIe siècles ap. J.-C.) retracent parfaitement son développement architectural et la construction par les seigneurs arabes d’une ville fortifiée comprenant des monuments et des quartiers d’habitations.

Les fouilles archéologiques

Fouillé par une mission allemande de 1907 à 1911 puis, à partir de 1951, par des archéologues irakiens sous la direction de Fuad Safar et Muhammad ʿAli Mustafa, le site a révélé un ensemble monumental de bâtiments religieux ainsi qu’un imposant système de fortifications. Depuis les années 1950, Hatra a fait l’objet d’un plan de reconstruction et de restauration par le Conseil national des antiquités et du patrimoine, jusqu’à son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1985. Hatra a subi d’importantes destructions causées par Daesh en 2015.

Comme l’illustrait le hall dédié à cette ville phare dans le musée culturel de Mossoul, la production artistique de Hatra était un mélange de traditions mésopotamienne, syro-levantine, gréco-romaine et parthe. Les inscriptions araméennes présentes sur ces œuvres sous forme de prières, bénédictions ou dédicaces, ont notamment contribué à mieux faire connaitre l’histoire de Hatra, de ses rois et de son élite, commanditaires des sanctuaires où des sculptures y étaient offertes. C’est précisément ce hall de Hatra qui est funestement mis en scène lors de la publication des vidéos de la destruction du musée de Mossoul par Daesh, le 26 février 2015. Si trois copies d’œuvres ont été détruites, les autres pièces, originales, ont hélas totalement disparu à ce jour.