L’art pariétal de Font-de-Gaume est remarquable de par la richesse des teintes employées par les artistes préhistoriques. L’adjonction de la gravure ou technique mixte et l’utilisation du relief subliment les peintures, soulignant ainsi leur exceptionnalité.

La polychromie et les aplats

Au Paléolithique, la technique de la peinture, terme qui désigne à la fois le matériau, les colorants et l’œuvre réalisée, est plus rare que la gravure, et exceptionnelle quand elle est polychrome, c’est-à-dire utilisant plusieurs couleurs sur une même figure. La teinte est préparée à l’avance en broyant et mélangeant des pigments chargés d’oxydes de fer ou de manganèse à de l’eau ou des huiles. Elle peut alors être appliquée au doigt ou à l’aide d’un instrument de type pinceau, produisant ainsi un dessin – on parle alors de dessin linéaire– ou au soufflé ou par un applicateur tel un tampon ou un pinceau : c’est la peinture vraie qui utilise alors la technique de l’aplat en couvrant de larges surfaces. À Font-de-Gaume, elle devient polychromie en choisissant des nuances de rouges, de bruns et de noirs pour figurer la coloration des pelages, distinguer les contours ou le modelé des animaux. Parfois une seule couleur est utilisée mais l’application plus ou moins dense selon les zones rend comme une polychromie. De telles œuvres, très abouties, sont seulement connues dans quelques grottes : Font-de-Gaume (Dordogne), Lascaux (Dordogne), Altamira (Espagne), Fontanet (Ariège), Ekain (Espagne)…

La technique mixte : la gravure en rehaut ou dessin préalable

Très complexe, la technique mixte associe peinture, gravure et quelquefois bas-relief. Dans le cas de Font-de-Gaume, la gravure dessine non seulement les détails des animaux peints mais aussi leurs contours jusqu’à créer, par endroits, des modelés en relief. Visible aujourd’hui seulement en lumière rasante, la gravure créait au moment de l’exécution, un contraste entre les teintes plates sombres et la fraîcheur de la roche incisée claire ajoutant, en quelque sorte, une autre couleur et affinant le rendu. Lorsque la gravure est antérieure à la peinture se pose la question du tracé d’un dessin préparatoire pour mettre en place les figures. La gravure a également été utilisée seule pour certaines figures autorisant alors leur miniaturisation.

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Cheval gravé (© Olivier Huard / Centre des monuments nationaux)

Seule la gravure reste visible sur certaines parois après le passage du temps.

Tête de cheval gravé (© Olivier Huard / Centre des monuments nationaux)

L'utilisation du relief

Les formes naturelles des parois ont toujours été mises à profit par les artistes : les fissures, les reliefs, les anfractuosités évoquent souvent un dos, une corne, une toison… qui inspire l’emplacement d’un animal et qu’un tracé vient compléter. Ailleurs, elle suggère une ligne de sol ou cadre une figure. L’intégration de la paroi intervient aussi dans le jeu des mélanges de la pellicule d’argile la recouvrant et l’application des pigments ajoutant une coloration jaune ou nuançant la valeur des pigments purs.

Cheval noir, figuré à l'aide du relief (© Olivier Huard / Centre des monuments nationaux)