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- Chronologie générale des grandes étapes de l'humanité
Des origines au très ancien Paléolithique
La lignée des hominidés démarre son aventure vers 10 millions d’années en Afrique centrale et occidentale aux alentours de 6 à 7 millions d’années. Le classique groupe des australopithèques, surtout en Afrique du Sud, nous montre des ancêtres arboricoles présents à partir de 4 à 5 millions d’années. Une étape décisive est franchie vers 3 millions d’années avec l’acquisition par les hominines d’une bipédie parfaite et la capacité à fabriquer des outils en pierre taillée. Forts de ces deux atouts, les premiers hommes véritables commencent par peupler l’ensemble du continent africain pour se lancer ensuite à la conquête de l’Eurasie. Cette première sortie du berceau des origines, le fait d’Homo ergaster, dont la morphologie générale est déjà moderne (cf. l’adolescent de Turkana, « Nariokotomé boy) malgré une capacité crânienne assez réduite (vers 850 cm3, aux alentours de 1,8 million d’années), est confirmé par la découverte des fossiles humains de Dmanissi (en Géorgie, 1,7 MA) associés à des restes de faune et d’industrie lithique. C’est le début du très ancien Paléolithique : les premiers hommes sont alors essentiellement collecteurs de végétaux et de protéines animales récupérées par charognage des proies abandonnées par les grands carnivores. En Europe de l’ouest (Espagne, Italie, France), et contrairement aux idées reçues par référence aux sites du Massif Central, les premiers peuplements ne semblent pas intervenir avant 1,2-1,4 millions d’années, dans une ambiance climatique globalement chaude et humide, avec une faune héritée de l’ère tertiaire. Le mode de vie est assez mal connu : exploitation de carcasses animales avec un outillage lithique rudimentaire, sites de plein air peu structurés, utilisation des matières premières lithiques récoltées à proximité immédiate des sites.
Australopithèque, moulage du squelette de « Lucy ». Les Eyzies-de-Tayac, musée national de Préhistoire. (© Ph. Jugie – MCC/MNP.)
Homo ergaster, moulage du crâne de Dmanissi (Georgie). Les Eyzies-de-Tayac, musée national de Préhistoire. (© Ph. Jugie – MCC/MNP.)
Le Paléolithique ancien
L’inversion de la polarité magnétique de la terre, vers - 780 000 ans, coïncide avec des changements fondamentaux. Le climat, nettement plus froid, varie régulièrement selon des cycles climatiques beaucoup plus courts (environ 100 000 ans) ; les faunes quaternaires à l’origine des faunes modernes se mettent progressivement en place. D’importants progrès sont avérés durant ce Paléolithique ancien : l’homme vit en petits groupes organisés, et commence à s’établir dans des grottes ou abris, ce qui favorise la conservation de ses vestiges. En Europe, beaucoup plus tard qu’en Afrique, on fabrique désormais un outillage lithique élaboré sur éclats, associé aux premiers bifaces très caractéristiques vers – 600 000 ans, des outils tout à fait polyvalents qui supposent la prédétermination mentale d’une forme parfaitement symétrique, un progrès intellectuel majeur. L’homme devient un véritable prédateur, chassant en groupe les grands herbivores, découvrant ainsi une alimentation plus riche et plus variée. Homo erectus pratique accessoirement le cannibalisme (Tautavel, Pyrénées-Orientales). En Eurasie, plusieurs types humains semblent cohabiter, l’un d’eux à l’origine des premiers néandertaliens, qui vont se développer durant la période du Paléolithique moyen, entre - 300 000 et - 30 000 ans.
L'époque des Néandertaliens
Ces derniers occupent le nord du bassin méditerranéen, de l’Espagne à l’Irak, et sont au départ surtout connus pour leur outillage associant quelques bifaces très géométriques à un abondant matériel sur éclat voire sur lame, élaboré et très diversifié, auquel s’ajoutent les premiers objets en bois (lorsque ce matériau est conservé). Ces premiers sapiens, chasseurs de grands herbivores, diffèrent morphologiquement de l’homme moderne (Homo sapiens sapiens). On sait de son leur mode de vie qu’ils vivent en petits groupes familiaux, capables de prendre en charge les plus faibles, qu’ils fréquentent volontiers les abris et exploitent un territoire assez circonscrit (de 50 à 100 km maximum). Il partage avec l’homme anatomiquement moderne le franchissement d’une étape majeure de l’humanité : l’acquisition de l’expression symbolique funéraire, puisqu’il commence à enterrer ses morts après -100 000 ans avec rituels et offrandes élaborés supposant la perception d’un au-delà.
Après 250 000 ans de règne sans partage sur l’Europe de l’ouest, Néandertal disparaît, peut-être après avoir un temps cohabité avec l’homme anatomiquement moderne, acquis de nouvelles technologies et produit une descendance hybride.
L'homme moderne
L’homme moderne signe la mise en place du Paléolithique supérieur, vers - 38 000 ans. Il vit dans une ambiance climatique majoritairement glaciaire, en groupes organisés, hiérarchisés, fréquente volontiers les abris et les grottes. Sa technologie est extrêmement élaborée, avec un outillage lithique laminaire, voire lamellaire, très spécialisé et une brillante industrie en os, ivoire et bois de cervidé. Nomade, il exploite selon les saisons un territoire organisé assez vaste, capable de déplacements à longue distance ; chasseur de rennes, pêcheur, cueilleur, il développe déjà des techniques de conservation des aliments, constituant des stocks, ce qui lui permettra de développer à grande échelle un nouveau volet de l’expression symbolique, l’art mobilier et pariétal, au-delà de la parure qui traduit sans doute une société hiérarchisée.
L’art majoritairement animalier, comportant aussi de nombreux signes géométriques, sans doute des marqueurs ethniques, se développe depuis l’Aurignacien (grotte Chauvet), en passant par le Gravettien (Pech-Merle, Pair-non-Pair), le Solutréen (Roc-de-Sers, Fourneau-du-Diable) jusqu’au Magdalénien (Lascaux, Font-de-Gaume, Combarelles, Cap-Blanc) où il foisonne littéralement tant sur les parois des grottes que sur les objets en os et en bois de renne, utilitaires ou non. C’est l’apogée de l’art glaciaire dont les merveilleux vestiges disparaissent ensuite très vite, à partir de - 10 000 ans, avec la mise en place du contexte climatique sub-actuel plus tempéré.
Pointes de la Gravette, outils du Paléolithique supérieur. Les Eyzies-de-Tayac, musée national de Préhistoire. (© Ph. Jugie – MCC/MNP.)
Bison se léchant le flanc sculpté en bois de cervidé, trouvé à la Madeleine, Tursac (Dordogne). Les Eyzies-de-Tayac, musée national de Préhistoire. (© Ph. Jugie – MCC/MNP.)