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Claude Schaeffer s’est très tôt entouré de spécialistes de différentes disciplines, dans un souci de préservation du patrimoine et d’une meilleure connaissance des objets que ses fouilles à Ras Shamra et à Minet el-Beida révélaient.
Pionnier de la recherche disciplinaire
Il fit appel aux compétences du restaurateur du musée de Damas pour le dégagement et la consolidation d’œuvres délicates et fragiles, parmi lesquels les célèbres ivoires du Palais royal, mais aussi de nombreuses tablettes.
De retour en France, Claude Schaeffer puis ses collaborateurs initièrent des programmes d’analyses en collaboration avec des laboratoires parisiens ou en province, voire à l’étranger. Ces études portèrent sur les métaux, la céramique, les vestiges osseux, ou encore sur des échantillons de bois soumis à l’analyse xylologique ou datés par la méthode du carbone 14, comme deux poutres provenant des murs du Palais royal d’Ougarit.
Nouveaux outils d'investigation
Les études archéométriques se sont poursuivies et développées jusqu’à aujourd’hui dans le cadre de la mission, avec des découvertes notables : la mise en évidence de l’exploitation de bitume (matériau utilisé pour ses propriétés adhésives) sur le gisement de Kfarié à 30 km environ de Ras Shamra, l’identification de deux matériaux différents dans l’ivoirerie locale : l’ivoire d’hippopotame et celui d’éléphant quasi réservé à l’artisanat palatial…
Au fil des décennies, de nouveaux outils d’investigation, toujours plus sophistiqués, ont été mis en œuvre, tel l’Accélérateur Grand Louvre d’Analyse Élémentaire du Centre de recherche et de restauration des musées de France qui permet des analyses non destructives. Parmi les nombreux résultats obtenus, on soulignera l’identification, dans le matériel d’Ougarit, de l’un des plus anciens verres incolores connus.
Faire avancer la recherche
Le spécialiste d’aujourd’hui développe aussi des appareillages portatifs pour travailler sur le terrain. Récemment, grâce à un analyseur de fluorescence X portable, il a été possible d’étudier, au musée d’Alep, une hache en métal exceptionnelle (RS 9.250), découverte en 1937 dans l’un des lieux de culte de la cité. Les résultats obtenus permettent d’émettre l’hypothèse d’un emploi de fer météorique pour la lame. Ce dossier permet de faire le lien entre le passé et le présent, tout en témoignant des évolutions de la recherche. En effet, l’interprétation des analyses chimiques faites, dès 1938, sur des prélèvements par L. Brun, directeur des Forges et aciéries de la marine à Homécourt, avait conduit C. Schaeffer à conclure, dans une étude publiée dans le premier volume de la série Ugaritica, à l’usage d’un fer aciéré.