La caractéristique du corpus mis au jour à Ras Shamra est de témoigner d’un mélange de cultures : en plus du babylonien, et de la langue ougaritique, on trouve à Ras Shamra l’attestation de six langues (sumérien, hittite, égyptien, hourrite, louvite et chypro-minoen).

Les systèmes d’écriture sont au nombre de cinq (cunéiforme suméro-akkadien, cunéiforme ougaritique, hiéroglyphique hittite, hiéroglyphique égyptien et linéaire chypro-minoen). Les anthroponymes sont d’origine locale, ouest sémitiques (généralement ougaritiques) et hourrites – rarement hittites ou égyptiens. Les textes découverts sont donc de type et d’origine variés : un fragment de rituel hittite a été retrouvé dans l’ancienne ville d’Ougarit à côté de très nombreux textes rituels locaux écrits en ougaritique, parfois enrichis de quelques passages en langue hourrite.

Si de nombreuses cultures sont représentées, le corpus écrit, essentiellement sur tablettes d’argile, se divise plus particulièrement en textes babyloniens et textes ougaritiques.

Les genres ne sont pas les mêmes en fonction de la langue ou de l’écriture. Dans cette seconde moitié du IIe millénaire, le babylonien est la langue internationale ; il est donc naturel de constater que la correspondance et les traités internationaux se font en langue babylonienne et en cunéiforme mésopotamien.Mais ce n’est pas seulement les documents internationaux que l’on trouve écrits en babylonien, il s’agit aussi des textes de contrats et actes juridiques locaux. Cet emploi s’explique sans doute en partie par l’inertie de la tradition juridique : depuis des siècles le droit s’écrivait en babylonien à Ougarit et malgré quelques tentatives pour le noter en langue locale au XIIIe siècle, l’habitude installée ne sera pas véritablement remise en question.

Les textes scolaires attestent des deux cursus (parfois réunis sur une même tablette) : des textes scolaires babyloniens permettant aux apprentis scribes d’apprendre l’écriture logo- syllabique mésopotamienne et ses centaines de signes aussi bien que des abécédaires avec les trente signes alphabétiques.

Les scribes ougaritains n’ont pas mis par écrit leurs textes rituels en langue babylonienne comme on le connaît à Emar par exemple. Ils ont choisi d’utiliser la langue et l’écriture locales pour noter tout ce qui touche au religieux (avec parfois le hourrite qui peut être considéré comme langue locale à Ougarit). Ainsi les mythes et les rituels sont presque tous notés en ougaritique.

Enfin, si l’on trouve quelques textes administratifs en akkadien (babylonien parfois teinté d’assyrien dans la maison de Yabninu), ces textes sont surtout notés en alphabétique et en langue ougaritique, utilisant parfois le cunéiforme mésopotamien pour des « notes », titres ou totaux, afin de mettre en évidence certains passages destinés à être consultés ultérieurement.

Curieusement, le rapport langue/écriture apparaît assez stricte à Ougarit : on trouve quatre ou cinq textes seulement en langue babylonienne écrits en alphabétique et peut-être un texte en langue ougaritique écrit en cunéiforme mésopotamien.

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