Une découverte fortuite

Si, passé le cap de Ras Ibn Hani, les falaises crayeuses et blanches de la baie de Minet el-Beida (en arabe, le « port blanc ») attirèrent de tout temps le regard des navigateurs, l’absence de vestiges antiques visibles sur ce site et sur le tell voisin de Ras Shamra en retarda l’exploration. Celle-ci commence 70 ans après La Mission de Phénicie (1860-1861) conduite par le célèbre orientaliste Ernest Renan, suite à la découverte, en 1928, d’une tombe de l’âge du Bronze récent par un paysan labourant son champ à Minet el-Beida.

Un des chantiers historiques de l’archéologie proche-orientale

En 1929, René Dussaud, alors conservateur des Antiquités orientales au Louvre, confie à Claude Schaeffer, secondé par George Chenet, les fouilles de Ras Shamra et de Minet el-Beida. La Mission archéologique de Ras Shamra est ainsi l’une des plus anciennes fouilles extra-métropolitaines. Cl. Schaeffer dirige l’équipe jusqu’en 1969, avec une interruption pendant la seconde guerre mondiale. Les recherches sont ensuite conduites par Henri de Contenson (1970-1973), Adnan Bounni et Jacques Lagarce (1974), Jean-Claude Margueron (1975-1976), Marguerite Yon (1978-1998). En 1999, la mission devient conjointe (direction générale des Antiquités et des Musées de Syrie ; ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français). Bassam Jamous (1999-2004), Jamal Haydar (2005-2013) et Khozama al-Bahloul (depuis 2014) assument la responsabilité de l’équipe syrienne, et Yves Calvet (1999-2008) et Valérie Matoïan (depuis 2009) la responsabilité de la partie française.

Depuis sa création, les recherches, développées dans le cadre de collaborations et grâce à de nombreux soutiens institutionnels, n’ont cessé d’être menées par une équipe pluridisciplinaire constituée de spécialistes des Sciences humaines et des Sciences de la Terre.

Des sites de référence pour l’histoire et l’archéologie du Levant

Les fruits de 8 décennies d’exploration font de Ras Shamra et de Minet el-Beida des sites clés notamment pour le Néolithique levantin et pour l’étude des civilisations urbaines et palatiales de l’âge du Bronze proche-oriental et méditerranéen. Dans le cadre de la mission archéologique de Ras Shamra - Ougarit, ces travaux ont été complétés par des programmes développés à une échelle plus régionale : des sondages sur d’autres sites de la région, comme par exemple sur le Djébel Akra, des prospections géologiques ou encore des études géo-environnementales et géo-archéologiques, dont l’opération commencée en 2008 sur les sites portuaires.

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