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- Le hourrite à Ougarit
Le prestige des hourrites avait été tel dans le proche Orient du second millénaire avant notre ère que lorsque disparaît l’empire qu’ils avaient constitué en haute Mésopotamie, leur empreinte, sans doute via une diaspora importante, a perduré à Ougarit comme dans l’empire hittite, jusqu’à l’effondrement de ces derniers vers 1180 BC.
Si armes, culte, panthéon et patronymes hourrites sont fréquemment attestés dans les textes d’Ougarit qu’ils soient écrits en akkadiens idéo-syllabique ou en ougaritique alphabétique, c’est surtout la présence de textes rédigés en hourrite ou portant des sections hourrites qui est remarquable car bien que peu nombreux, ils ont été mis au jour dans presque tous les lieux ayant fourni des tablettes.
Autre fait notable, ils sont écrits dans les deux systèmes d’écriture du royaume : le cunéiforme idéo-syllabique mésopotamien, à la base de la formation des tous les scribes, et le cunéiforme alphabétique ougaritique. Enfin, des textes scolaires et notamment des vocabulaires polyglottes à colonne hourrite témoignent de la place qu’occupait cette langue dans l’apprentissage de certains scribes du royaume.
On retiendra aussi que certaines caractéristiques de ces textes hourrites ne se rencontrent qu’à Ougarit. C’est le cas par exemple de rituels rédigés en cunéiforme alphabétique qui sont écrits en hourrite mais brièvement commentés en ougaritique. Ou bien de tablettes musicales dont les paroles hymniques hourrites sont suivies de leur notation musicale, ce qui représente la plus ancienne attestation de musique savante.
Un document exceptionnel : une tablette bigraphe, en hourrite et en ougaritique
La tablette RS 15.010 fait également partie de ces exceptions ougaritaines, puisqu’il s’agit d’un travail d’étudiant avancé, comme en témoigne sa maîtrise du cunéiforme, qui traduit en hourrite deux maximes ethico-religieuses rédigées en babylonien, ce qui est déjà unique en soi. La traduction terminée, notre étudiant s’occupe alors, en recopiant sur la partie anépigraphe du verso, la moitié d’un abécédaire ougaritique ajoutant ainsi la bi-graphie au bi-linguisme de sa tablette.