Des céramiques locales et importées

Alors qu’aucun four de potier n’a été mis au jour dans l’Ougarit du Bronze récent depuis le début de son exploration en 1929, la céramique commune y est considérée comme de production locale. On l’explique par la grande différence de qualité que l’on peut constater entre elle et les céramiques importées les mieux connues. Ces dernières (céramiques mycéniennes et chypriotes) ont des pâtes très fines et un décor soigné alors que la céramique commune, extrêmement abondante, se caractérise par l’aspect grossier de sa pâte, par l’absence fréquente de finition et par la rareté du décor. Si cette distinction est en grande partie avérée, il n’en demeure pas moins qu’elle n’est pas une règle absolue. À Ougarit comme ailleurs, toutes les céramiques dites communes ne sont pas nécessairement locales.

Comment les différencier ?

Cette réalité n’est toutefois pas toujours facile à mettre en évidence. L’un des moyens d’y parvenir est de recourir à l’archéométrie, c’est-à-dire à des analyses pétrographiques et chimiques. Celles-ci permettent d’identifier les caractères intrinsèques de la céramique, lesquels sont liés à son lieu d’origine, aux contraintes techniques et esthétiques, aux choix du potier… En l’absence de critères stylistiques ou décoratifs déterminants, les analyses archéométriques permettent de caractériser les céramiques par les propriétés chimiques et minérales de leur pâte.

Une production locale attestée à Ougarit

Les analyses effectuées sur une quarantaine d’échantillons au laboratoire « Archéométrie et archéologie : origine, datation et technologie des matériaux » (UMR 5138) de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée à Lyon ont mis en évidence que, malgré l’absence physique d’ateliers à Ougarit, une production locale de céramique commune y a effectivement existé au Bronze récent. Des ateliers locaux ont bien produit de la céramique commune, de la céramique commune peinte ainsi que certaines des jarres cananéennes (ou jarres de transport), mais contrairement à ce qu’on aurait pu penser, ces ateliers n’ont pas fabriqué la totalité de la céramique commune présente sur le site. Deux fabriques aux caractères chimiques distincts témoignent d’importations dont il reste à localiser l’origine.

 

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