Le quartier Grand-rue d’Ougarit a lui fourni un très grand nombre d’artefacts en silex (plus de 5000 pièces dont de nombreux déchets de taille), série dont la composition apparaît très homogène et conforme à ce que nous connaissons pour le quartier du Centre de la Ville, avec très peu de « pollutions » stratigraphiques, pièces plus anciennes qui auraient pu se trouver dans les niveaux du Bronze récent suite au creusement de puits, puisards... ou à l’apport de matériaux venus d’ailleurs.

Un atelier de travail du silex…

Dans cet ensemble, il apparaît en premier lieu que l’espace central du grand « bâtiment B » est tout à fait particulier, tant pour la très grande quantité d’artefacts en silex mis au jour, que pour sa composition. L’extrême abondance des éléments de débitage montre que l’on est en présence d’un atelier de travail du silex pour lequel l’ensemble de la chaîne opératoire est présente depuis le décorticage initial des blocs jusqu’au débitage des supports (lames et éclats) par percussion directe au percuteur de pierre et à la fabrication d’éléments de faucilles (436 éléments de faucilles).

… pour l’entretien de faucilles

Dans ce lot les éléments de faucille « neufs » sont très rares (<4%), beaucoup de pièces sont « usées » et comportent du bitume [129 cas dans le seul locus 3096], en outre des esquilles présentent du lustre, montrant qu’il s’agit de produits issus non pas de la phase initiale du débitage, mais du réaffutage, de la réparation, du tranchant de faucilles. Il apparaît par suite que cet atelier était dévolu à l’entretien des faucilles (remise en état et remplacement des éléments manquants ou trop détériorés). Avec les éléments nécessaires pour 65 à 85 faucilles, il s’agit du premier atelier de réparation (et de fabrication) de faucilles mis au jour à Ougarit, il n’est toutefois pas possible de savoir si cet ensemble représente un atelier à l’usage d’un unique grand domaine agricole (lié à cette résidence) ou s’il s’agit d’un atelier de maintenance à l’usage d’un groupe plus étendu (c’est-à-dire aux occupants de plusieurs habitations).

Ici comme dans le Centre de la Ville, il apparaît clairement que les travaux agricoles n’étaient pas réservés aux seuls établissements secondaires, périphériques, mais qu’ils impliquaient directement les habitants de la capitale qu’était Ougarit...

Contributeur(s)