Entre 2000 et 2012, des historiens, hydrographes et archéologues américains, canadiens et britanniques ont documenté les vestiges de leurs armées respectives. La première structure à mener ce type de recherches est l’US Navy.

Une prospection systématique de 47 km2

Entre 2000 et 2002, le service d’archéologie sous-marine du Naval History and Heritage Command (NHHC) de l'US Navy réalise, sous la direction de Robert S. Neyland, Barbara Voulgaris et James S. Schmidt, une vaste prospection archéologique sous-marine au large d'Utah Beach, de la Pointe du Hoc, d'Omaha Beach et dans le banc du Cardonnet. En 2004, une opération de même nature a par également été menée par une équipe canadienne, devant Juno Beach, mais les sources de cette opération restent malheureusement indisponibles.

Les recherches américaines sont d’abord menées en collaboration avec l'Institute of Nautical Archaeology (INA) de l'Université A&M du Texas, avant d’être poursuivies en 2001 et en 2002 par le NHHC seul. Il s’agit de localiser, par une prospection géophysique systématique, les épaves, avions, blindés et éléments d’artillerie perdus par l’US Navy au cours de l’opération Neptune. En cartographiant ces vestiges, les chercheurs espèrent mieux comprendre le dispositif du Débarquement et le confronter aux données fournies par les archives.

La prospection met en œuvre un sonar à balayage latéral, un magnétomètre mais aussi, de manière alors novatrice, un sondeur multifaisceau. Elle documente ainsi de manière systématique les quatre zones d’étude, sur une superficie totale de 47 km2. Certains points sont par la suite documentés à l’aide d’un ROV.

Résultats des recherches

Dans le secteur d’Omaha sont documentés les restes du transport de troupes Susan B. Anthony, mais aussi plusieurs barges et d’autres navires ainsi que 12 possibles chars. Le NHHC réalise également un relevé complet des structures du Mulberry A (pour American), détruits par une tempête mais dont les caissons, pontons, routes flottantes et blockships subsistent encore au fond de l’eau.

Au large d’Utah Beach, sont étudiés les restes du Liberty ship Charles Morgan, de deux barges (LBE et LBV), ainsi que ceux du Gooseberry n° 1. Les prospections menées autour des vestiges du dragueur de mines USS Tide et du destroyer USS Rich montrent que ces navires ont été réduits à l’état de débris par les activités de ferraillage. Dans le secteur du banc du Cardonnet, qui contenait l’un des barrages de mines de fond installé par l’ennemi, plusieurs LCT et quelques blindés sont repérés, de même que le destroyer USS Meredith et le cargo HMS Minster. Au nord-est de la Pointe du Hoc, un LST, le supposé LST 523, a également été documenté. Enfin, une LCA et une LCI ont été localisées au nord de la Pointe du Hoc et dans le secteur de la Pointe et du Raz de la Percée. Les restes du destroyer USS Corry, largement ferraillé après-guerre, ont quant à eux été recherchés sans succès dans le banc de Saint-Marcouf.