Outre les baliseurs, plusieurs types de navires de servitude furent utilisés au cours du Débarquement. Parmi ceux-ci, les navires citernes et les remorqueurs jouèrent un rôle important.

D’utiles citernes flottantes

Dès le 12 août 1944, les Anglais installent un oléoduc pour acheminer du carburant jusqu’à Cherbourg (opération PLUTO). La mise en route laborieuse de cette opération imposa cependant l’emploi de tankers en complément. Plusieurs types de navires citernes furent ainsi mobilisés par les Alliés pour transporter le fioul nécessaire à leur avancement.

L’Empire Roseberry

Ce vapeur britannique, lancé en 1944, figure parmi les navires réaménagés en navires citernes. Le 24 août 1944, alors qu’il rejoint un convoi à destination de l'Angleterre, il heurte une mine. Les résidus d'essence aggravent l'importance des dégâts et une seconde mine, cette fois-ci acoustique, déclenchée par la vapeur, explose sur l'arrière bâbord du navire. Tous les canots ayant été soufflés par la première explosion, les hommes sautent à l'eau quand l'ordre d'évacuer est donné, mais 13 victimes seront néanmoins à déplorer. Aujourd’hui, il ne subsiste de ce cargo de 89 m de long que la moitié arrière, sur un fond d’une dizaine de mètres.

Les « Chants »

Les Channel Tankers, dits « Chants », sont chargés d’assurer le ravitaillement en carburant des chalands lors des premiers jours du Débarquement, avant d’être reclassés en ravitailleurs polyvalents après les opérations TOMBOLA et PLUTO. Il s’agit de constructions rapides, faites d’une double coque d’acier et de pièces préfabriquées (28 pièces construites dans différentes usines de Grande-Bretagne puis assemblées dans les chantiers navals). Au total, 43 « Chants » furent assemblés dans cinq chantiers entre février et juillet 1944.

L’épave du Channel Tanker 69, bien conservée, repose sur un fond d’une quarantaine de mètres à 10 nautiques au nord de Luc-sur-Mer. Lancé le 10 mars 1944, il chavire par gros temps le 16 juin alors qu’il fait route pour la Normandie. Il flotte puis reste retourné entre deux eaux, avant d’être coulé par la Royal Navy pour des raisons de sécurité.

Les Landing Barge Oiler

En sus d’unités de grande taille, les Alliés utilisèrent également de petites barges-citernes, les Landing Barge Oiler (LBO), qui servaient à ravitailler en carburant les petites unités de débarquement. Équipées d’une citerne de 30 à 40 tonnes, elles étaient considérées comme des bombes flottantes, ce qui explique leur impopularité. Une de ces barges citernes a été identifiée par Caen Plongée à 11 nautiques au nord de Bernières-sur-Mer. Les plongeurs peuvent encore y reconnaître les extrémités arrondies de la cuve à carburant et, entre celles-ci, le cadre métallique rond qui servait à remplir la cuve.

Un remorqueur bien conservé

Quatorze remorqueurs de sauvetage et 216 remorqueurs classiques furent mobilisés pour le Débarquement. Au nord de la pointe de la Percée, une épave très bien conservée a longtemps été identifiée comme le HMRT Sesame, un remorqueur de sauvetage (rescue tug) de la classe Assurance coulé le 11 juin 1944. Pourtant, si la forme générale du navire correspond bien à celle d’un remorqueur, ses dimensions (38 m au lieu des 48 m que mesurait le Sesame) et son état de conservation ont permis au DRASSM d’écarter cette identification. Le Sesame a en effet été touché par un torpilleur allemand sur tribord, alors qu’aucun impact n’apparait à cet endroit du site.

Des recherches complémentaires menées par des plongeurs du British Southsea Sub-Aqua Club (BSAC) ont permis d’identifier ce site comme un autre remorqueur, le Dundas, sur la base de ses dimensions, de ses caractéristiques détaillées (moteur, point de remorquage, hélice) et de son histoire. Initialement baptisé Atlantic, ce second remorqueur construit en 1919 aux Pays-Bas est renommé en 1925 Dundas, avant d’être réquisitionné par la Royal Navy en octobre 1942. Le 23 juin 1944, victime d’une collision avec un navire américain près de l'actuel pont de Normandie, il s’échoue, mais il ne coule définitivement qu’en juillet, au cours de sa tentative de remorquage par l’USS Bannock.

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