Ferraillées, pillées ou simplement visitées, les épaves du Débarquement ne contiennent désormais quasiment plus aucun objet. Une recherche universitaire a permis de recenser une partie des vestiges mobiliers anciennement prélevés sur ces sites.

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Rares sont les épaves du Débarquement qui conservent encore des vestiges mobiliers remarquables. Mus par l’envie de conserver le souvenir d’une plongée d’exploration, par la peur que d’autres plongeurs ne pillent le site ou par un intérêt historique réel, nombre de plongeurs ont prélevé des objets sur les épaves sans forcément mesurer la portée de leur geste. Mais le prélèvement d’objets sur les épaves, interdit par la législation française (code du Patrimoine), est heureusement de plus en plus rare, à l’exception de quelques individus qui continuent à alimenter le commerce des militaria, qui n’a cessé de croître depuis les années 1960-1970.

Plus d’une centaine d’objets inventoriés

Un inventaire des objets prélevés par des ferrailleurs, dans le cadre légal de concessions de ferraillage, ou par des plongeurs, à une époque où ces sites n’étaient guère considérés par les archéologues, a été initié dans le cadre d’un master conduit par Thomas Mathieu (Aix-Marseille Université) en 2017 et 2018. Un total de 126 objets, provenant de ferrailleurs, de scaphandriers, ou de musées publics ou privés, a pu être étudié. Il s’agissait notamment de documenter des collections privées avant qu’elles ne soient rendues inaccessibles suite à des ventes ou successions, dans un contexte d’engouement des collectionneurs pour le militaria.

Ce travail visait également à mettre en relation ces objets avec des sites précis, afin de préciser les inventaires des musées ou, à l’inverse, de confirmer l’identification de certaines épaves. Ainsi, à l’issue de cette étude, 97 vestiges mobiliers ont pu être clairement identifiés et mis en parallèle avec 13 sites connus en baie de Seine. Si cette première étude a permis de documenter des objets inédits, un grand nombre des vestiges mobiliers issus des sites maritimes de l’opération Neptune reste à inventorier.

Une logique de collecte

Malgré leur intérêt, ces objets ne sont pas nécessairement représentatifs de l’opération Neptune. Dans la mesure où le prélèvement des objets n’a revêtu aucun caractère systématique ou scientifique, leur prélèvement répond essentiellement à une logique de collecte, privilégiant la rareté ou l’intérêt esthétique à la représentativité historique. Ainsi, les mobiliers allemands sont relativement présents alors que l’on ne compte que deux épaves allemandes dans l’inventaire des sites immergés du Débarquement. De même, le mobilier de bord, et notamment les éléments de décors des navires, sont surreprésentés en comparaison avec l’équipement militaire.