L’étude des vestiges maritimes du Débarquement intervient tardivement, à une période où ceux-ci sont déjà largement dégradés. Ces destructions sont principalement liées aux activités humaines, mais des phénomènes naturels sont également en jeu.

Les stigmates du conflit

Seules quelques-unes des épaves les plus intéressantes du Débarquement demeurent relativement bien conservées. Certains des sites qui illustrent le mieux l’opération Neptune sont réduits à l’état de débris épars. Les dragueurs de mines HMS Pylades, Magic et Cato, furent par exemple victimes de torpilles humaines, tandis que le MMS 8 et l’USS Tide, tout comme les destroyers USS Meredith et Rich, sautèrent sur des mines. Aujourd’hui encore, la dispersion des restes de l’Empire Broadsword ou du destroyer HMS Lawford témoigne de la violence des affrontements. Une grande partie de ces épaves contient encore des munitions, susceptibles de faire l’objet d’un contreminage par les plongeurs-démineurs de la Marine nationale.

Les intempéries

Les trois quarts des pertes navales alliées du Jour J ne sont pas dues à la défense allemande mais aux intempéries. Entre le 19 et le 21 juin 1944, une forte tempête endommage également les brise-lames, plateformes et routes flottantes du port artificiel aménagé par les forces américaines devant Saint-Laurent-sur-Mer, dit Mulberry A (pour American). Cette tempête, survenue quelques jours après l’implantation des premières structures du port, conduira à l’abandon du Mulberry A. Le Mulberry B devant Arromanches, dont la construction était plus avancée, sort de l’épreuve endommagé mais peut être réparé. Encore aujourd’hui, les tempêtes, la houle et les courants contribuent d’année en année à déformer les vestiges sous-marins.

Les effets de la corrosion métallique

La quasi-totalité des épaves du Débarquement sont constituées de structures métalliques, parfois construites rapidement, dans l’urgence de la guerre, à l’aide de métaux de piètre qualité. Elles subissent les effets de la corrosion. Selon les estimations actuelles, les tôles constitutives des épaves perdent en moyenne 0,1 mm d’épaisseur chaque année. Sur des structures métalliques vieilles de plus de 75 ans, les tôles les plus fines sont en grande partie rongées par la rouille, provoquant un inexorable affaissement des épaves. Des mesures de protection cathodique, en cours d’expérimentation, pourraient permettre de stopper ce phénomène.

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