Des navires divers

Des navires océaniques aux petites unités

Plusieurs types d’unités sont mises en œuvre par les Alliés pour acheminer les troupes. De grands navires de transport, les Landing Ship Infantry (LSI), au nombre de 55 le Jour J, sont mobilisés pour amener les troupes en nombre au large des plages. Ils transportent également des unités de taille plus réduite (LCA, LCP), à partir desquelles les troupes peuvent ensuite débarquer jusqu’aux plages. D’autres unités, de taille intermédiaire, les Landing Craft Infantry (LCI), au nombre de 248 le Jour J, peuvent effectuer la traversée de la Manche elles-mêmes tout en disposant d’un tirant d’eau assez faible pour s’approcher des plages et y débarquer les soldats.

Outre les unités construites en vue du Débarquement, nombre de transports de troupes ont été réquisitionnés par les marines alliées. Les LSI britanniques étaient par exemple des paquebots préexistants, transformés en transports d’assaut pour l’opération. Plusieurs cargos et paquebots ont également été utilisés comme navires-hôpitaux.

Deux épaves de navires-hôpitaux

Seules deux des épaves du Débarquement correspondent à des navires qui ont un temps été utilisés comme navires-hôpitaux. Le cargo War Hector, construit en 1918 à Seattle pour le gouvernement norvégien est vendu à la Royal Navy durant le Second conflit mondial. Il sert d’abord au transport de matériel en Méditerranée avant d’être revendu à la Norwegian Shipping and Trade Mission of Oslo. Alors renommé Norfalk, il est utilisé comme navire-hôpital. Après ces bons et loyaux services, il finit par sauter sur une mine le 20 juillet 1944, alors qu’il est remorqué vers Omaha Beach pour y être sabordé comme blockship.

De la même façon, le paquebot britannique Amsterdam sert d’abord de transport de troupes. Il transporte notamment la 2ème troupe d'US Rangers chargée, le 5 juin 1944, de l’assaut des batteries allemandes de la Pointe du Hoc. Il est ensuite transformé en navire-hôpital. Sa carrière s’achève le 7 août 1944 : ayant quitté Juno à destination de Southampton avec à son bord 258 blessés, 60 personnels du Royal Army Medical Corps, 102 membres d'équipage et des prisonniers allemands, il heurte deux mines par bâbord sous la salle des machines. La majorité des patients est évacuée mais le navire finit par couler, emportant 106 personnes (55 blessés, 30 membres d'équipage, 10 personnels RAMC, 11 Allemands). 
 

La fin de deux transports de troupes fait heureusement peu de victimes

L’Empire Broadsword

Avec des vestiges encore conservés sur plus de 12 m de hauteur, cette épave constitue l’une des épaves les plus impressionnantes du Débarquement. Ce Landing Ship Infrantry (LSI) américain est lancé en 1942 sous le nom de Cape Marshall. Réquisitionné par le Ministry of War Transport britannique, il est affecté à la classe Empire et renommé Empire Broadsword. Dès le 5 juin 1944, il quitte l'Angleterre et prend part à la première vague de débarquement en transportant pas moins de 540 soldats et 18 barges de débarquement pour l'assaut de Sword Beach. Un mois plus tard, le 2 juillet 1944, alors qu’il manœuvre pour débarquer 110 marines, il heurte deux mines qui provoquent une explosion entre les cales n°4 et n°5. L’arrière du navire se brise avant que l’ensemble ne gîte sur tribord puis coule, faisant 170 blessés et 7 victimes.

De nos jours, la documentation acoustique de ce site révèle une épave brisée en deux grandes parties couchées sur tribord. Des détails visibles sur l’image acoustique comme en plongée confirment également l’identification de ce navire : la forme des mâts avec leurs barres de flèches, la présence de bossoirs de mise à l’eau des LCA, etc.

Le Susan B. Anthony

La fin de ce paquebot, lancé en 1930 par la Grace Line sous le nom de SS Santa Clara, faillit être beaucoup plus funeste. Mi-1942, il est modifié, réaffecté à l'US Navy comme transport de troupes et rebaptisé Susan B. Anthony, en référence à une militante féministe qui ouvrit la voie à l’octroi, aux Etats-Unis, du droit de vote aux femmes. Après avoir participé à l’invasion du Maroc (fin 1942-mi 1943), puis à celle de la Sicile (juillet 1943), il contribue à la préparation de l'opération Neptune en transportant depuis l'Amérique vers l'Europe des troupes et du matériel.

Le 7 juin 1944, alors qu’il approche d'Omaha Beach avec 2 288 soldats à bord, il saute sur une mine qui explose sous la cale n°4. Le capitaine Gray ordonne alors aux troupes de se déplacer afin de stabiliser le navire, mais le feu éclate. Un remorqueur anti-feu, le Pinto, l'arrime contre son bord pour maîtriser l'incendie pendant l'évacuation des hommes. Le paquebot coulera finalement sans faire aucune victime. Aujourd’hui, les plongeurs peuvent découvrir cette épave couchée sur bâbord, dont les restes sont étalés sur 160 m de longueur. 
 

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