La réalisation d’un inventaire exhaustif des vestiges maritimes du Débarquement permet de mesurer le caractère unique de ce corpus et de mettre en exergue la forte dimension navale de l’opération Neptune.

Un vaste champ de vestiges sous-marins

Les premières identifications effectuées par Caen Plongée, largement complétées par des campagnes de prospection portées par des archéologues et hydrographes américains, anglais, canadiens et français, permettent désormais d’affirmer qu’environ 150 vestiges sous-marins témoignent, en Baie de Seine, du Débarquement de Normandie. Ce travail colossal est un préalable indispensable à la prise en compte patrimoniale de ces vestiges.

Par leur nombre et leur diversité, les sites du corpus forment un ensemble cohérent qui constitue un témoignage unique d’un événement historique majeur. À l’échelle mondiale, rares sont les événements historiques qui sont aussi bien représentés par leurs vestiges sous-marins. Dans la base navale britannique de Scapa Flow (archipel des Orcades), seulement 7 des 74 navires sabordés par les Allemands en 1919 subsistent, suite à des opérations de renflouement. Les fonds de la base navale japonaise de Truk Lagoon, en Micronésie, permettent quant à eux de découvrir une quinzaine d’épaves de navires de guerre, 32 épaves de navires marchands et les vestiges de nombreux aéronefs abattus par l’US Navy le 17 février 1944 lors de l’opération Hailstone.

Explorer le modèle 3D de l'épave SMS König sur le site Scapa Flow Shipwreck Tour (en anglais). 

Mieux prendre en compte la dimension navale du Débarquement

L’inventaire des vestiges maritimes du Débarquement permet d’illustrer par l’archéologie l’importance de la composante navale de cet événement, souvent étudié dans ses dimensions aérienne et terrestre. Il montre aussi la diversité des moyens mis en œuvre par les Alliés et leur typologie.

Le corpus conservé ne représente qu’une partie des moyens déployés par les Alliés, avec par exemple 16 navires de guerre et 57 navires de transport et de commerce conservés alors que la première vague de débarquement comptait à elle seule 1 200 bâtiments de combat classiques et 5 700 unités de transport. Pour autant, ce corpus, avec ses 22% de navires de guerre (17% d’après les chiffres donnés pour la première vague) contre 78% d’unités de transport et de débarquement (83%), illustre bien le fait qu’il s’agit avant tout d’une opération logistique.

Alors que l’aviation alliée a joué un rôle déterminant dans l’opération Overlord, aucune épave d’aéronef liée au Débarquement n’a pour l’heure été découverte en Baie de Seine. Ceci peut en partie s’expliquer par le fait que les pilotes allemands privilégiaient les attaques dans la partie nord de la Baie de Seine afin d’éviter d’affronter une artillerie navale importante. Par ailleurs, ces vestiges plus légers et plus petits que de grands navires, n’ont pas forcément été conservés, découverts ou signalés.

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