Lancée dans des conditions météorologiques difficiles, avec un vent ouest-sud-ouest de force 6 et une mer de force 4, l’offensive alliée rencontre plus ou moins d’obstacles selon les secteurs.

Des débuts difficiles

Les trois divisions aéroportées britannique et américaines sont larguées aux premières heures du 6 juin, les nuages et le vent vif contribuant à disperser les sauts. La flotte alliée est détectée par les Allemands peu avant 2 heures du matin mais l’arrivée des troupes aéroportées détourne les Allemands des plages. Les croiseurs et cuirassés ouvrent le feu à 5 h 45, et les destroyers à 6 h 19, suivis par les LCG. Si les bombardements aériens et navals ne sont pas aussi destructeurs qu’attendus (seuls 10 à 20 % des défenses côtières sont atteintes dans le secteur britannique), ils contribuent à saper le moral des garnisons allemandes. Les bombardements sur Omaha laissent par contre les défenses intactes.

Les conditions météorologiques sont difficiles. Le vent soufflant à 15 nœuds crée des creux d’un à deux mètres éprouvants pour les troupes devant être débarquées et fait monter la marée plus tôt que prévu, recouvrant certains obstacles sous-marins.

Le Jour J, secteur par secteur

À Utah Beach, le bombardement aérien est réussi. Le courant déporte les troupes vers le sud, où les Allemands sont plus faibles. La majorité des chars amphibies parviennent à rejoindre la plage. Le génie détruit rapidement les obstacles non recouverts par la marée. Des péniches sont néanmoins perdues ou déchargent loin de la plage, provoquant l’enlisement de véhicules.

Le secteur de la Pointe du Hoc, qui devait abriter 6 canons de 155 mm, est abordé par le 2e bataillon de Rangers en escaladant la falaise haute de 30 mètres. Les troupes d’assaut découvrent avec surprise que les canons ont été retirés de leurs encuvements. Isolé, le détachement américain subit des pertes sévères en essuyant des contre-attaques allemandes jusqu’au lendemain.

Le débarquement américain à Omaha Beach tourne au carnage. La topographie des lieux est défavorable aux Alliés qui rencontrent une défense allemande presque intacte et affrontent 8 bataillons au lieu des 4 supposés. De nombreux hommes, souvent chargés de plus de 30 kg d’équipement, coulent en sautant des péniches. La houle fait sombrer au large les chars amphibies, le courant déporte les barges vers l’est et les troupes arrivent donc sur la plage sans protection ni matériels. Des fantassins réussissent néanmoins à s’infiltrer dans les intervalles en escaladant les escarpements. Plus tard, l’artillerie navale et des armes lourdes débarquées permettent de venir à bout des défenses.

À Gold, les Britanniques rencontrent peu de résistance, sauf devant le point fortifié du Hamel à Asnelle-sur-Mer. Les collines dominant Arromanches et Port-en-Bessin sont prises dès le 7 juin. Bayeux est libérée le même jour.

À Juno, la mer agitée contraint à repousser de 10 minutes le débarquement. 20 des 24 péniches sont endommagées par des obstacles recouverts par la marée. Les bombardements aérien et naval ayant échoué, la résistance allemande reste forte, mais le rapport de force est en faveur des Alliés (2400 Canadiens pour 400 Allemands) et les troupes sont aidées par 14 des 19 chars amphibies prévus. La première vague subit des pertes sévères mais les Alliés prennent rapidement Courseulles et Bernières.

À Sword, la défense allemande est faible. Les premiers LCT et LCA débarquent dès 7 h 25 chars amphibies et blindés spécialisés qui facilitent l’assaut des troupes. Ouistreham est rapidement conquise, notamment avec l’aide des hommes du commando Kieffer, seule force française terrestre présente en Normandie le Jour J.